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Le Messiaen très stravinskien d’Esa-Pekka Salonen

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
05/27/2015 -  
Olivier Messiaen : Turangalîla-Symphonie
Pierre-Laurent Aimard (piano), Valérie Hartmann-Claverie (ondes Martenot)
Philharmonia Orchestra, Esa-Pekka Salonen (direction)


E.-P. Salonen (© Clive Barda)


Qui aurait cru, à la création à Boston en 1949 sous la direction de Leonard Bernstein, que la Turangalîla-Symphonie deviendrait un classique, voire un tube du répertoire ? Ses enregistrements abondent, le concert l’affiche régulièrement partout dans le monde. Esa-Pekka Salonen la dirige depuis des décennies et en a gravé une version mémorable, qu’on a pourtant tendance, aujourd’hui, à reléguer derrière de plus récentes. L’interprétation qu’il vient d’en proposer aux Champs-Elysées tranche sur beaucoup d’autres, sans étonner de la part d’un chef plus nourri de vingtième siècle que de tradition classique : situé entre Harawi et les Cinq Rechants, le deuxième grand poème d’amour tristanien, où Messiaen a mis beaucoup de lui-même, n’est plus un avatar luxuriant – et luxurieux – du post-wagnérisme, mâtiné de chatoiements impressionnistes. Si la partition reste un « chant d’amour, hymne à la joie, temps, mouvement, rythme, vie et mort », le Finlandais l’inscrit par la crudité des couleurs et des rythmes dans la postérité du Sacre stravinskien. La célébration de l’amour tient parfois du rituel primitif : on entend rarement un « Joie du sang et des étoiles » ou un Finale aussi dionysiaques. Sacre également parce que la direction adopte au fond une posture plus chorégraphique que symphonique, osant parfois déhancher l’œuvre comme si elle venait du Nouveau monde. Et « Jardin du sommeil d’amour » ne lorgne plus vers le Debussy du Martyre de saint Sébastien : la sensualité s’y épure et s’y sublime dans une clarté apollinienne. Le piano impeccable et sévère de Pierre-Laurent Aimard s’accorde bien, du coup, avec l’approche du chef. Un nouveau visage de la Turangalîla nous a été révélé, dévoilant des proximités oubliées ou insoupçonnées, grâce à Salonen et à un Philharmonia d’une éblouissante virtuosité. Mais on ne devrait plus donner ce genre d’œuvre aux Champs-Elysées : la sonorité sature, certains instruments, jusqu’au piano parfois, se noient dans la masse. Cela se justifiait hier : ce n’est plus le cas aujourd’hui.



Didier van Moere

 

 

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