|
Back
Danse et lumières Paris
Théâtre des Champs-Elysées
05/19/2015 - et 20 mai 2015
Still
Armand Amar (musique)
Dickson Mbi, Carys Staton (danseurs)
Afterlight (Part One)
Es Devlin (concept original)
Erik Satie (musique): Gnossiennes 1 à 4, Andy Cowton (création sonore)
Thomasin Gülgec (danseur)
Two
Andy Cowton (musique)
Carys Staton (danseuse)
Critical Mass
Richard English (musique)
Thomasin Gülgec, Dickson Mbi (danseurs)
Still Current
Carys Staton, Alexander Varona (danseurs)
Mukul (musique)
Russell Maliphant (chorégraphies), Michael Hulls (lumières)
Chorégraphe britannique né au Canada et formé au Royal Ballet avant de s’orienter vers une danse plus audacieuse, Russell Maliphant fait désormais partie de l’establishment de la danse contemporaine anglaise. La France l’a découvert grâce à Sylvie Guillem, avec qui il a dansé en duo lors des dernières saisons sur la scène du Théâtre des Champs-Elysées, et à Nicolas Le Riche, qui lui aussi a dansé ses pièces. Il a aussi collaboré à des projets de Robert Lepage. Le revoici avenue Montaigne pour deux soirées exceptionnelles avec ses propres danseurs (hélas, en raison d’une blessure il a dû renoncer à danser lui-même), les lumières magiques de Michael Hulls et «Still Current», un ambitieux programme de cinq chorégraphies sur des musiques aussi variées que celles d’Armand Amar, Erik Satie, Andy Cowton et Richard English.
Russell Maliphant aime faire des programmes courts. On se souvient de soirées dans le même théâtre au moment des fêtes de fin d’année qui, à des prix généreusement champs-élyséens, sentaient l’arnaque. Certes deux ou trois courts duos avec Sylvie Guillem en constituaient l’ossature mais la soirée comportait plus de champagne que de danse... Celui présenté par la série «TranscenDanses» comptait 67 minutes de danse et 30 d’entracte. Les deux pièces de résistance, Afterlight et Still Current, d’une durée respective de 15 et 25 minutes, en étaient le meilleur.
La première, Afterlight, dans sa version originale de 2009 pour un danseur, réglée sur les quatre premières Gnossiennes de Satie et interprétée par Thomasin Gülgec, est une chorégraphie aussi hypnotique que la musique et montre un magnifique interprète, d’une souplesse incroyable et qui met en valeur, en grande partie grâce au génie des éclairages de Michael Hulls, les multiples ondulations corporelles et les arrondis de bras que Maliphant a imaginés en hommage à Nijinski autour de cette musique aujourd’hui si familière à toutes les oreilles. Cette magnifique pièce, commande du Sadler’s Wells de Londres, a reçu en 2010 deux distinctions colossales: l’Olivier Award de la meilleure production de danse et le Critics Circle Award de la meilleure chorégraphie moderne. Still Current, interprété par Carys Staton et Alexander Varona, joue autant avec la symétrie des corps que celle des éclairages et colle à merveille à l’invention constante de la musique envoûtante du compositeur londonien Mukul.
Les trois autres pièces, beaucoup plus courtes, n’étaient pas moins remarquables et on a pu apprécier à nouveau le désormais célèbre duo Critical Mass avec ses portés singuliers et son atmosphère martiale qu’ont interprété ensemble Maliphant et Le Riche, ici dansé avec une formidable énergie par Thomasin Gülgec et Dickson Mbi. Deux perles également: Still (duo par Dickson Mbi et Carys Staton), sur une musique puissante de percussion du compositeur de cinéma Armand Amar, et Two (par Carys Staton), un des grands classiques de la production de Maliphant qu’a immortalisé Sylvie Guillem et qui montre une femme piégée dans une cage de lumière, les deux pièces étant celles dans lesquelles le rôle des éclairages de Michael Hulls était pour ce programme le plus audacieux et illustrait à la perfection l’art des noces de la danse et de la lumière qui est devenu la signature du chorégraphe britannique.
Olivier Brunel
|
