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La star, c’est l’orchestre

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
05/10/2015 -  
Hector Berlioz : Béatrice et Bénédict: Ouverture
Richard Strauss : Quatre derniers lieder
Serge Prokofiev : Roméo et Juliette: Suites opus 64 bis et 64 ter

Anna Netrebko (soprano)
Orchestre national de France, Daniele Gatti (direction)


A. Netrebko (© Kristian Schuller/DG)


Affluence des grands soirs au Théâtre des Champs-Elysées pour ce concert dominical où était accueillie, dans la série «Les Grandes voix», la soprano Anna Netrebko, vedette des plus grandes scènes lyriques mondiales. En outre, ce concert s’insérait dans un autre cycle, thématique celui-ci, consacré à Shakespeare, où l’Orchestre national de France s’est illustré tant sur scène le 16 avril dernier (dans un concert consacré à Liszt, Richard Strauss et Mendelssohn) que dans la fosse, Gatti dirigeant à cette occasion plusieurs représentations de Macbeth de Verdi.


C’est donc devant un public extrêmement fourni (au sein duquel on croise aussi bien Raphaël Pichon que les actuels et anciens dirigeants de Radio France en la personne tant de Mathieu Gallet que Jean-Pierre Le Pavec, ancien directeur de la musique de Radio France) que prennent place les musiciens pour une Ouverture de Béatrice et Bénédict de Berlioz qu’on aurait aimée plus espiègle. Bénéficiant pourtant d’emblée de cordes d’une finesse exemplaire et prêtes à tous les excès, Gatti ne lâche jamais vraiment l’orchestre qui, sur la fin notamment, apparaît plus sérieux que festif en dépit d’une partition exigeant des tutti brillants voire débridés.


Moment attendu par beaucoup pour ce concert (plusieurs spectateurs ne revinrent d’ailleurs pas après l’entracte...), ce sont ensuite les Quatre dernier lieder de Strauss qui furent à l’honneur. Pour les chanter ce soir donc, drapée dans une grande robe blanche brillant de mille éclats (la notice biographique de la chanteuse n’omettant pas, dans le programme, qu’elle est l’ambassadrice d’un joailler renommé), Anna Netrebko qui les a récemment chantés sous la direction de Daniel Barenboim et dont la prestation gravée au disque ne laissera pas grand souvenir (voir ici). Force est de constater que nous en serons également pour nos frais car, à la question «Que manque-t-il à Anna Netrebko dans cette œuvre?», on serait tenté de répondre «Tout» ou, du moins, «L’essentiel». Outre le fait qu’on préfère à titre personnel, dans cette œuvre, une voix plus éthérée, celle de la soprano russe s’avère trop puissante, la déclamation et la prononciation sont perfectibles, les respirations parfois étonnamment mal placées (dans le quatrième lied), les attaques sont parfois prises par en-dessous. Et surtout, où est l’implication de la chanteuse? Elle chante comme s’il s’agissait de Puccini ou de Verdi alors que l’on devrait entendre du mystère (la fin d’«Im Abendrot», où le texte pose la si poignante question «Ist dies etwa der Tod?»), de l’emportement et de l’épanouissement (le mot «unbewacht» dans dans le sublime «Beim Schlafengehen»). C’est d’autant plus dommage que, même si Gatti prend le lied «Im Abendrot» un brin trop rapidement à notre goût, l’orchestre est très bon tant globalement que dans ses interventions solistes (Vincent Léonard au cor dans «September», Luc Héry dans «Im Abendrot»). Un rendez-vous manqué donc avec Anna Netrebko, pourtant ovationnée comme le sont aujourd’hui les divas: allez comprendre...


En seconde partie, le National interprétait plusieurs pages de Roméo et Juliette de Prokofiev: pour ceux qui pensent, dans une conjoncture compliquée, que l’Orchestre national de France a perdu de sa superbe en auront été pour leurs frais! En effet, on a assisté en plus d’une occasion à une véritable démonstration de ce que ses musiciens peuvent donner à leur meilleur, peut-être justement galvanisés par les tempêtes et certaines attaques. Même si le passage célèbre des «Montaigus et Capulets» a quelque peu manqué de nerf, la direction de Daniele Gatti a été exemplaire pour faire ressortir chaque détail orchestral sans nuire pour autant à la cohérence de l’ensemble. Les cordes, fortement sollicitées, ont à chaque instant fait montre d’une cohésion à toute épreuve qui a culminé dans un extrait, «Roméo au tombeau de Juliette», d’une finesse remarquable. Chaque soliste s’investit à fond (Laurent Decker au cor anglais, les bois de manière générale) et permet ainsi au public de saluer chaleureusement l’orchestre qui aura été le véritable triomphateur d’un concert d’excellente tenue.


Le site d’Anna Netrebko



Sébastien Gauthier

 

 

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