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Une Flûte colorée

Saint-Etienne
Grand Théâtre Massenet
04/24/2015 -  et 26, 28 avril 2015
Wolfgang Amadeus Mozart : Die Zauberflöte, K. 620
Jussi Myllys (Tamino), Chiara Skerath (Pamina), Hila Fahima (Reine de la nuit), Philippe Spiegel (Papageno), Richard Wiegold (Sarastro, Orateur), Mark Omvlee (Monostatos), Chloé Briot (Papagena), Camille Poul, Romie Estèves, Mélodie Ruvio (Trois Dames), Luc Bertin-Hugault, Enguerrand de Hys (Hommes d’armes, Prêtres), Laurent Delvert (Orateur), Sandra Alarcon (La main gantée), Saydou Boulé, Adama Mbaye (Anubis), Cédric Monnet, Stéphane Raveyre, Marc Piron, Philippe Dziri (Serviteurs)
Chœur lyrique Saint-Etienne Loire, Maîtrise du Conseil général de la Loire, Laurent Touche (chef de chœur), Orchestre symphonique Saint-Etienne Loire, David Reiland (direction musicale)
Pet Halmen (mise en scène, décors, costumes, lumières), Eric Vigié (reprise de la mise en scène)


Après La Clémence de Titus en février dernier, l’Opéra de Saint-Etienne livre l’autre versant de l’inspiration testamentaire de Mozart en termes de répertoire lyrique, avec La Flûte enchantée, dans une production de Pet Halmen remontée par Eric Vigié. A lire le texte projeté en incipit pendant l’Ouverture, introduisant le propos de la mise en scène, des craintes de conceptualisme s’éveillent, en fin de compte rapidement dissipées.


On apprend ainsi que l’incendie de la Bibliothèque Anna-Amalia de Weimar en 2004, au cours duquel ont brûlés une édition de La Flûte enchantée et des croquis de Goethe en vue d’une suite au singspiel, constitue la matrice de l’inspiration. Le décor de panneaux peints la ressuscitant ne fait pas l’économie d’un évident biais herméneutique, mais celui-ci s’avère rapidement nettement plus ludique qu’intellectuel – les rires suscités par la main gantée ou les Anubis en témoignent. Les éléments du feu et de l’eau – en particulier une maquette en feu à la fin de l’initiation de Tamino et Pamina – comme les nombreux symboles rappellent l’évidente dimension maçonnique de l’ouvrage. L’harmonie de couleurs, où dominent des tons de bleus, ne manque pas de dégager quelques fragrances spirituelles.


Pour autant, le littéralisme avec lequel les personnages sont parfois caractérisés, à l’image du Monostatos peint en noir, revient avant tout aux sources populaires du théâtre de Schikaneder – ce qui ne l’empêche nullement d’offrir, par le biais du divertissement, quelques éclairages plus engagés, ni de rompre avec le texte, à l’exemple de la Pamina grimée en brune à couettes et lourdement maquillée. Plus cohérente que novatrice, la présente lecture semble au demeurant avoir tiré profit de scénographies contemporaines, à l’instar de l’arrivée de Sarastro rappelant celle de la Fura del Baus.


Jussi Myllys incarne un Tamino d’une belle tenue, dont l’élégance et le sentiment s’harmonisent avec la Pamina de Chiara Skerath, fraîche, juvénile et savoureuse. La Reine de la nuit de Hila Fahima donne toute sa mesure dans son second air. Philippe Spiegel offre un Papageno équilibré, qui n’a nul besoin de forcer le jeu ni la voix pour distiller une présence nuancée et pétrie d’humanité, et forme avec la Papagena de Chloé Briot un duo complice. On ne manquera pas l’éclat du Monostatos de Mark Omvlee, qui rappelle un peu la leçon d’un Louis de Funès. Richard Wiegold fait un Sarastro honnête. Le trio de dames – Camille Poul, Romie Estèves et Mélodie Ruvio – ne démérite pas davantage que les deux prêtres – Luc Bertin-Hugault et Enguerrand de Hys – ou l’orateur de Laurent Delvert. Les trois garçons issus de la Maîtrise du Conseil général de la Loire distillent une candeur un brin espiègle, et les chœurs préparés par Laurent Touche remplissent leur office sans ciller. Enfin, si sa vision s’avère moins tranchée que dans La Clémence de Titus – la faute à l’hétérogénéité assumée de la partition – David Reiland confirme la qualité du travail qu’il réalise avec l’Orchestre symphonique Saint-Etienne Loire – les pupitres le lui rendent bien.



Gilles Charlassier

 

 

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