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Un souffle new-yorkais sur la fin de saison

Mulhouse
Théâtre de la Sinne
04/25/2015 -  et 26, 28 avril (Mulhouse), 6, 7 (Colmar), 21, 22, 23, 24, 26 (Strasbourg) mai 2015
Benjamin Millepied : Without
Frédéric Chopin : Préludes opus 28: n° 24 en ré mineur, n° 6 en si mineur, n° 9 en mi majeur, n° 3 en sol majeur, n° 1 en ut majeur, n° 20 en ut mineur, n° 4 en mi mineur, n° 8 en fa dièse mineur et n° 22 en sol mineur – Etudes opus 10 n° 11 en mi bémol majeur et n° 10 en mi bémol mineur – Etudes opus 25 n° 7 en ut dièse mineur et n° 1 en la bémol majeur – Etude n° 1 pour la «Méthode des méthodes» de Moscheles et Fétis – Nocturne en mi mineur, opus 72 n° 1
Susie Buisson, Miao Zong (rouge), Ninon Fehrenbach, Renjie Ma (bleu), Sarah Hochster, Marwik Schmitt (vert), Christelle Molard-Dejean, Jean-Sébastien Colau (violet), Anna Ishii, Hamilton Nieh (orange)
Benjamin Millepied (chorégraphie, scénographie, lumières), Marc Happel (costumes), Janie Taylor, Amanda McKerrow, John Gardner (mise en répétition)


Glen Tetley : Gemini
Hans Werner Henze : Symphonie n° 3
Stéphanie Madec-Van Hoorde, Yann Lainé, Valeria Quintana Velasquez, Alexandre Van Hoorde
Glen Tetley (chorégraphie), Nadine Baylis (décors, costumes), Bronwen Curry (mise en répétition)


Aszure Barton : Untouched
Musique de Njo Kong Kie, Curtis Macdonald et Ljova
Céline Nunigé (solo), Sandra Ehrensperger, Céline Nunigé (duo filles), Christelle Molard-Daujean, Miao Zong, Valeria Quintana Velasquez, Thomas Hinterberger (doubles duos), Christelle Molard-Daujean, Miao Zong (duo), Sarah Hochster, Alexandre Van Hoorde (duo final), Yann Lainé, Renjie Ma, Stéphanie Madec-Van Hoorde, Hamilton Nieh
Aszure Barton (chorégraphie, décors), Nicole Pearce (décors, lumières), Fritz Masten (costumes), Jonathan Emanuell Alsberry (assistant à la chorégraphie)


Gemini (© Jean-Luc Tanghe)


C’est par une escale à New York et son foisonnement chorégraphique qu’Ivan Cavallari et le Ballet de l’Opéra national du Rhin ont voulu refermer leur saison, ajoutant trois nouvelles pièces au répertoire de la compagnie alsacienne. Avec Without sur la musique de Chopin, Benjamin Millepied met ostensiblement ses pas dans ceux de son maître Robbins, jusque dans la composition des couples, identifiés par des couleurs. On y reconnaît une gestuelle aussi fluide que l’utilisation de l’espace scénique, où glissent les appariements jouant parfois la permutation des teintes comme dans un jeu combinatoire. Le support de quatorze morceaux puisés dans les Préludes et les Etudes, qui se referme sur le Nocturne opus 72 n° 1, distille une poésie qui rappelle Dances at a gathering, sans pour autant en renouveler l’alchimie subtile: Without regarde davantage vers le brillant exercice de style que l’exploration des sentiments.


Gemini de Glen Tetley propose un radical changement d’écriture. Sur la Troisième Symphonie de Henze, l’énergie athlétique semble repousser les limites du corps des interprètes. Forsythe n’aurait pas renié une telle virtuosité, et la scénographie minimaliste rehaussée par les seuls costumes jaunes concentre l’attention sur la puissance du mouvement, qui ne cède jamais à une réduction technique. Si la pièce évacue toute dimension narrative, elle n’en est pas pour autant abstraite. La redoutable difficulté donne une paradoxale et confondante illusion de naturel, et met admirablement en perspective la partition de Henze, fondant en un ensemble cohérent une hétérogénéité assumée du matériau: la rythmique implacable évoque parfois Prokofiev, quand les textures symphoniques font entendre des parentés avec l’école française des années cinquante que n’aurait pas boudées Dutilleux, sans oublier des accents empruntés au jazz. Soutenus par Brownen Curry, fidèle mémoire de Tetley qui a dirigé les répétitions, les solistes forcent l’admiration dans cette performance littéralement époustouflante. On saluera l’engagement de Valeria Quintana Velasquez aux côtés d’Alexandre Van Hoorde, autant que celui de Stéphanie Madec-Van Hoorde et Yann Lainé.



Untouched (© Jean-Luc Tanghe)


Enfin, Untouched révèle la sensibilité d’Aszure Barton, jeune chorégraphe canadienne basée à New York. Sans céder à quelque folklorisme que ce soit, sa création porte l’empreinte de ses débuts dans la danse placés sous l’auspice des claquettes alors qu’elle était encore un tout jeune enfant. Délimité par un simple rideau rouge comme entrouvert sur une scène à travers lequel entrent les protagonistes, le plateau se fait le théâtre d’une succession de numéros d’une intensité émotionnelle où pointe un soupçon mélancolique aux fragrances hispaniques. On décèlera d’ailleurs dans le solo de Céline Nunigé des traces du fatalisme de Carmen. La musique de Njo Kong Kie, Curtis Macdonald et Ljova, au néotonalisme hypnotique et sans complexes, qui pourrait servir d’illustration cinématographique, participent de cette atmosphère prenante, qui sait organiser une dramaturgie aussi lisible qu’efficace. L’enchaînement des duos vers les ensembles en offre un remarquable exemple, preuve qu’il existe plus d’une manière de faire rêver le public, et que la création contemporaine peut y parvenir avec succès.



Gilles Charlassier

 

 

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