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Loin du compte

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
05/04/2015 -  et 7, 11, 13, 16 mai 2015
Giuseppe Verdi : Macbeth
Roberto Frontali (Macbeth), Susanna Branchini (Lady Macbeth), Andrea Mastroni (Banco), Jean-François Borras (Macduff), Sophie Pondjiclis (Dama di Lady Macbeth), Jérémy Duffau (Malcolm)
Chœur de Radio France, Stéphane Petitjean (chef de chœur), Orchestre national de France, Daniele Gatti (direction musicale)
Mario Martone (mise en scène, scénographie), Ursula Patzak (costumes), Raffaella Giordano (chorégraphie), Pasquale Mari (lumières)


(© Vincent Pontet)


On vient de voir deux fois Macbeth de Verdi à Amsterdam puis Paris. Dans les deux cas, on en ressort insatisfait. Pourtant ce n’est pas l’opéra de Verdi le plus difficile à monter.


Que l’on ne monte pas par prudence Le Trouvère ou Aïda (et même le Requiem), qui demandent un quatuor de chanteurs superlatif et de lourds moyens de mise en scène, se comprend aisément. Mais monter Macbeth, ce devrait être jouer sur du velours. Le jeune Verdi s’essayait à Shakespeare avec sa pièce à la dramaturgie la plus exemplaire et centrait l’action sur deux personnages principaux dont une Lady pour laquelle il n’exigeait même pas qu’elle ait une belle voix, seulement quelques moyens vocaux... Au baryton-basse Macbeth, il confiait un chant qui exige une ligne, un cantabile et un style exemplaires. A Amsterdam comme à Paris, on a été loin de compte.


A Amsterdam, c’était le triomphe du Regietheater que l’on croyait mourant. A Paris, où l’on a fait appel à l’Italien Mario Martone, directeur du Teatro Stabile de Turin et cinéaste, réalisateur du récent film Leopardi, Il giovane favoloso, la régie se situait quelque part entre le traditionnel de bon aloi et une direction d’acteurs d’inspiration cinématographique. Rendons justice à Martone d’avoir fait le ménage sur scène: pas d’encombrants décors, beaucoup de suggestions, des vidéos envahissant parfois indiscrètement la musique, mais quand même l’inutile et toujours périlleuse présence de chevaux dont on apprend dans le programme qu’il s’agit pour une des scènes cavalières d’un hommage à Patrice Chéreau...


Ici encore une Lady (Susanna Branchini) sans les complexes moyens vocaux demandés par le rôle: pas de couleurs dans une voix très fabriquée (pas du format soprano dramatique mais plutôt soprano lyrique comme l’attestent les rôles indiqués dans sa biographie), les aigus et vocalises arrachées, mais un physique avantageux et un tempérament scénique indéniable. Le Macbeth de Roberto Frontali déçoit aussi, bien que très crédible scéniquement mais chanté sans finesse, ni sens de la ligne vocale. Les deux sont dirigés sans vrai relief, on leur fait même exécuter un petit pas de danse assez ridicule après l’assassinat du roi Duncan! La scène du banquet ne donne pas le frisson, les apparitions sont suggérées par des vidéos et les sorcières barbues à la Conchita Wurst sont un peu grotesques.


En revanche les rôles plus secondaires étaient plutôt bien tenus, avec le Banco très convaincant du jeune Andrea Mastrosi, la Suivante de Lady Macbeth incarnée avec beaucoup d’autorité par Sophie Pondjiclis et surtout le Macduff de Jean-François Borras, très beau de ligne et de timbre, qui, comme souvent l’a emporté à l’applaudimètre avec son air du dernier acte mais était tout à fait parfait dans les ensembles. Le Chœur de Radio France a rattrapé un début un peu hasardeux avec le chœur patriotique final. Hélas! Daniele Gatti a dirigé l’Orchestre national de France avec une absence totale de sens dramatique, plus en chef symphonique qu’en chef de fosse, achevant de banaliser une représentation peu mémorable.



Olivier Brunel

 

 

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