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Voix prioritaires Torino Teatro Regio 04/14/2015 - et 16, 18, 19, 21, 22, 23, 26* avril 2015 Vincenzo Bellini : I puritani Olga Peretyatko*/Désirée Rancatore (Elvira), Samantha Korbey (Enrichetta), Dmitry Korchak*/Enea Scala (Lord Arturo Talbo), Nicola Ulivieri*/Mirco Palazzi (Sir Giorgio Valton), Nicola Alaimo*/Simone del Savio (Sir Riccardo Forth), Fabrizio Beggi (Lord Gualtiero Walton), Saviero Fiore (Sir Bruno Roberton)
Coro del Teatro Regio, Claudio Fenoglio (préparation), Orchestra del Teatro Regio, Michele Mariotti (direction musicale)
Fabio Ceresa (mise en scène), Riccardo Olivier (assistant à la mise en scène et chorégraphie), Tiziano Santi (décors), Alessia Colosso (assistante aux décors), Giuseppe Palella (costumes), Marco Filibeck (lumières)
(© Ramella&Giannese/Teatro Regio Torino)
Qu’est-ce que le belcanto ? La production des Puritains de Bellini que vient de présenter le Teatro Regio de Turin offre la meilleure réponse qui soit : un spectacle où tout ne concourt qu’à mettre en valeur les voix. A commencer par la mise en scène de Fabio Ceresa, lequel ne cherche pas midi à quatorze heures, mais signe une production qui se veut fidèle au livret ; une production qui a le grand mérite d’illustrer l’intrigue de manière simple et cohérente, sans jamais faire obstacle à la musique, dans les décors sombres et majestueux de Tiziano Santi, qui évoquent à merveille l’atmosphère triste et funeste de l’ouvrage, avec des tombes éparpillées sur tout le plateau, des spectres qui surgissent çà et là, sur fond de gigantesque cathédrale inclinée.
Dans la fosse, le jeune chef Michele Mariotti cisèle la partition en orfèvre, offrant une lecture précise et délicate, obtenant des musiciens un son particulièrement soyeux, ne négligeant jamais la tension dramatique et surtout restant en permanence très attentif aux chanteurs. Malgré un extrême aigu parfois serré et quelques petites incertitudes dans la gorge, Olga Peretyatko incarne une Elvira touchante de fragilité et de fraîcheur, surmontant sans peine les vocalises de la partition avec sa voix d’une agilité à toute épreuve, capable aussi de belles langueurs élégiaques et de magnifiques pianissimi. Dmitry Korchak ne possède peut-être pas le timbre le plus élégant qui soit, mais son Arturo démontre vaillance et souplesse, avec des aigus héroïques, bien que parfois un peu tendus. C’est grâce à lui et à une poignée d’autres ténors de sa trempe que les théâtres lyriques peuvent afficher aujourd’hui I puritani, le rôle d’Arturo étant l’un des plus exposés de tout le répertoire. Du côté des clés de fa, on retiendra surtout la prestation de Nicola Ulivieri en Giorgio noble et profond. Du belcanto à l’état pur, on vous l’avait bien dit !
Claudio Poloni
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