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Plat comme une lande

Amsterdam
De Nationale Opera
04/03/2015 -  et 6, 9, 12, 15, 18*, 22, 25, 28 avril 2015
Giuseppe Verdi : Macbeth
Tommi Hakala*/Scott Hendricks (Macbeth), Vitalij Kowaljow (Banco), Amarilli Nizza (Lady Macbeth), Letitia Singleton (Dama di lady Macbeth), Wookyung Kim*/Yosep Kang (Macduff), Vincenzo Costanzo (Malcolm), Lukas Jakobski (Medico, Servo di Macbeth), Peter Arink (Sicario)
Koor van De Nationale Opera, Nederlands Philharmonisch Orkest, Marc Albrecht (direction musicale)
Andrea Breth (mise en scène), Martin Zehetgruber (décors), Alexander Koppelman (lumières), Eva Dessecker (costumes), Klaus Bertisch (dramaturgie)


V. Kowaljow (© Bernd Uhlig)


Certaines soirées jouent de malchance et il est certain que cette nouvelle production du Macbeth de Verdi dans la version parisienne de 1865 (chantée en italien, sans le ballet) confiée à l’Allemande Andrea Breth ne se présentait pas ce samedi 18 avril sous son meilleur jour. Le soprano italien Amarilli Nizza, qui chantait Lady Macbeth sans les moyens vocaux requis, était déjà la troisième Lady d’une liste de défections malheureuses. Le titulaire du rôle-titre, Scott Hendricks, étant souffrant, il a été remplacé à l’avant-scène par le baryton finlandais Tommi Hakala tandis que son rôle était mimé sur scène un peu au hasard par un comédien assez insignifiant téléguidé par une oreillette. Le résultat était d’autant moins convaincant que la mise en scène d’Andrea Brethh est de celle que l’on ne voudrait plus voir aujourd’hui. On croyait le Regietheater mourant, et que même les théâtres de province allemands et l’Opéra néerlandais, qui s’aligne volontiers sur eux, s’en étaient détournés. Hélas! On a eu ici la preuve du contraire, avec un décor (Martin Zehetgruber) d’une grande pauvreté d’imagination: le château de Macbeth est un centre commercial de verre et béton; les appartements du couple royal, une pièce vide aux murs noirs capitonnés, sont meublés d’un lit d’enfant vide flanqué d’un énorme ours en peluche blanc qui finira incendié puis décapité par la Lady dans sa scène de somnambulisme. On l’aura compris, le couple Macbeth est stérile et mauvais, et là est le nœud du drame... Les idées routinières du même acabit fourmillent, le banquet est accablant de bêtise avec Lady Macbeth ivre morte, et bien sûr l’atmosphère guerrière de l’ensemble est garantie par des tenues militaires et policières et des armes du dernier cri. A aucun moment on ne sent roder l’atmosphère criminelle pernicieuse ni ne sont mis en scène les indicibles conflits humains; tout est dans la violence, la lourdeur et l’explicite. L’ensemble est aussi plat que la lande dans laquelle les sorcières feuillètent infatigablement de vieux livres.


Tommi Hakala a, selon la formule consacrée, eu l’immense mérite de remplacer Macbeth au dernier moment avec une voix aux moyens infaillibles (pas ceux du rôle cependant) mais aucune idée du style et du cantabile italiens. Au nom d’une une autre formule consacrée qui veut que Verdi ait souhaité pour sa Lady une chanteuse n’ayant pas une belle voix, on a excusé souvent bien des chanteuses sans les moyens vocaux du rôle. C’est le cas d’Amarelli Nizzi qui n’a, dans les graves et le medium, ni puissance, ni projection. Restent des aigus pas toujours sûrs et beaucoup de relâche dans les vocalises. On sauvera de cette distribution l’excellent et solide Banquo de Vitalij Kowaljow et le Macduff de Wookyung Kim qui, malgré le peu de charme italien d’une voix de ténor très vaillante, s’est taillé la part du lion avec son air «Ah, la paterna mano». Fort heureusement l’Orchestre philharmonique néerlandais, sous la direction très claire et soignée de Marc Albrecht, et le Chœur de l’Opéra national ont musicalement sauvé cette soirée.



Olivier Brunel

 

 

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