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La banalisation d’un orchestre de légende

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
04/14/2015 -  
Johannes Brahms : Symphonies n° 2 en ré majeur, opus 73, et n° 4 en mi mineur, opus 98
Wiener Philharmoniker, Christoph Eschenbach (direction)


C. Eschenbach (© Eric Brissaud)


Après une première venue au mois de janvier sous la direction du jeune Rafael Payare, l’Orchestre philharmonique de Vienne est de retour avenue Montaigne dans le cadre d’une mini-tournée européenne (après Vienne et avant Linz et Francfort) pour deux concerts entièrement consacrés à Johannes Brahms (1833-1897). Avant la Première Symphonie et le Concerto pour violon, ce premier concert nous donnait l’occasion d’entendre les Deuxième et Quatrième Symphonies sous la direction de Christoph Eschenbach. Même si le nom de Brahms est durablement associé à celui de la capitale autrichienne – la Deuxième Symphonie n’a-t-elle pas d’ailleurs été elle-même surnommée «la viennoise»? –, il faut remonter, comme on peut désormais le voir sur l’excellent site des archives du Théâtre des Champs-Elysées, aux 22 novembre 1994 et 31 mai 2000 pour avoir entendu en ce même lieu la Quatrième (sous les baguettes respectives de James Levine et d’André Prévin) et au concert d’anthologie dirigé en mars 2000 par Seiji Ozawa pour la Deuxième.


Aujourd’hui, dès l’introduction de la Deuxième Symphonie, les Wiener Philharmoniker, sous la houlette de la Konzertmeisterin Albena Danailova, une des dix femmes de l’orchestre présentes ce soir, ne se montrent pas sous leur meilleur jour. Et cette impression se confirmera tout au long du concert qui, en dépit tant de la notoriété de l’orchestre que de la popularité des œuvres, n’aura pas rempli le Théâtre des Champs-Elysées, de nombreux spectateurs ayant ainsi pu descendre du deuxième au premier balcon pour combler en partie les nombreuses places vides. Certes, les cordes viennoises ont quand même su distiller un charme ravageur – les violoncelles dans le célèbre thème du premier mouvement de la Deuxième ou les violons dans le deuxième mouvement de la Quatrième notamment. Mais, en plus d’une occasion, on les sent fébriles et globalement ternes, la passion de jouer ne semblant guère les étreindre ce soir. Côté vents, on n’est pas davantage subjugué: un pupitre de quatre cors au son peu flatteur, un début de Deuxième Symphonie étriqué et émaillé de quelques anicroches et imprécisions (à commencer par le chef de pupitre Manuel Huber), des bois certes impliqués (la clarinette de Matthias Schorn ou la flûte aérienne de Walter Auer dans la chaconne concluant la Quatrième), mais où sont ces couleurs viennoises que l’on est en droit d’attendre? Où est cette impression de naturel qui doit illustrer des partitions où tout s’enchaîne avec autant d’équilibre que de tension (le premier mouvement de la Quatrième, ce soir totalement apathique...)?


La faute sans doute à l’orchestre mais aussi à un chef, Christoph Eschenbach, qui dirige Brahms avec grandiloquence (et pas seulement dans la gestique), effets et un recours systématique au rubato qui lui permet tantôt de s’assurer de la mise en place de l’orchestre (notamment lors des transitions au sein des premiers mouvements des deux symphonies, où le flottement est parfois patent), tantôt de faire briller – mais de façon ô combien artificielle – un orchestre qui donne en plus d’une occasion l’impression de jouer en roue libre. En outre, Eschenbach, qui n’est certes peut-être pas aidé par la sécheresse de l’acoustique du théâtre, ne veille pas toujours aux équilibres au sein de l’orchestre, deux cors suffisant à presque couvrir les cordes tandis que l’on entend à peine le hautbois viennois de Clemens Horak.


Salué par un public assez enthousiaste (on a néanmoins connu ovation plus chaleureuse et plus méritée!), le Philharmonique nous gratifie en bis d’une Vingtième Danse hongroise (en mi mineur) de Brahms qui, en fin de compte, aura peut-être été le sommet de ce concert, les musiciens prenant enfin du plaisir et une certaine liberté dans leur manière de jouer: un peu court tout de même...


Le site de Christoph Eschenbach
Le site de l’Orchestre philharmonique de Vienne



Sébastien Gauthier

 

 

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