About us / Contact

The Classical Music Network

Avignon

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

Epure et voix

Avignon
Opéra
03/22/2015 -  et 22* mars 2015
Giuseppe Verdi : Simon Boccanegra
Barbara Haveman (Amelia), Violette Polchi (Un ancella di Amelia), George Petean (Simon Boccanegra), Wojtek Smilek (Jacopo Fiesco), Giuseppe Gipali (Gabriele Adorno), Lione Lhote (Paolo Albiani), Patrick Bolleire (Pietro), Patrice Laulan (Un capitano)
Chœurs de l’Opéra Grand Avignon, Aurore Marchand (chef de chœur), Orchestre régional Avignon-Provence, Alain Guingal (direction musicale)
Gilles Bouillon (mise en scène), Nathalie Holt (décors), Marc Anselmi (costumes), Michel Theuil (lumières)


(© Cédric Delestrade/ACM-Studio)


Même remanié avec l’appui de Boito en 1881 – version aujourd’hui privilégiée à la première mouture de 1857 –, Simon Boccanegra souffre d’un déficit chronique de reconnaissance auprès des institutions lyriques et du public, certes partiellement réparé ces dernières années. On ne peut donc que saluer l’initiative de l’Opéra d’Avignon de reprendre la production tourangelle, réglée par Gilles Bouillon, même si cette mésestime se mesure hélas au remplissage de la salle provençale.


La mise en scène se concentre en une épure, aux confins du minimalisme, sans céder à des facilités plus cinématographiques que théâtrales. Les vagues frémissent au gré des ondulations de tissu azuré, quand les éclairages de Michel Theuil signalent la prédominance d’atmosphères nocturnes au sein de l’histoire. La pompe politique n’a nul besoin de surcharge pour se manifester, ainsi qu’en témoigne la fin du premier acte. On pourrait cependant attendre plus de fluidité dans les enchaînements, surtout quand l’encombrement des éléments de décor s’avère relativement modeste. Le trio entre Adorno, Boccanegra et sa fille où l’on entend la clameur populaire prépare le début du troisième acte, et l’on gagnerait à faire davantage ressentir cette continuité entre l’intime et le politique, nœud probable de l’ouvrage. Le finale cependant ne manque pas d’une poésie au diapason de l’inspiration générale, faisant roussir la lune au fil du trépas du doge, et s’éteignant avec son dernier souffle.


L’interprète du rôle éponyme, George Petean, démontre d’ailleurs une belle présence, et fait affleurer les nuances du personnage par sa voix ample, avec quelques accents de rugosité tout à-propos. Dans la confrontation avec Paolo, il souligne plus l’insinuation que la véhémence. Ce dernier bénéficie avec Lionel Lhote d’une incarnation remarquablement équilibrée, ne caricaturant jamais la noirceur du rôle, grâce à un matériau d’une appréciable égalité tout au long de la représentation. L’Amelia de Barbara Haveman prend ses marques au fil de son entrée en scène, et finit par dévoiler une indéniable intensité d’expression. S’il ne se révèle pas sans reproche, le Gabriele Adorno de Giuseppe Gipali ne se montre pas avare de sentiment, quitte à négliger çà et là l’intégrité vocale. En Fiesco, Wojtek Smilek fait entendre une autorité certaine, quand on pourra également relever l’honnêteté de Violette Polchi en suivante d’Amelia, comme celle de Patrick Bolleire en Pietro. Mentionnons l’intervention du capitaine par Patrice Laulan.


Sous la houlette d’Aurore Marchand, les chœurs de la maison s’attachent à rendre la vigueur d’une partition exigeante dont l’Orchestre régional Avignon-Provence a semble-t-il négligé les difficultés, et qu’Alain Guingal essaie de sauver comme il le peut. Reprise à Toulon en mai prochain, la production tirera sans doute profit de la direction de Giuliano Carella.



Gilles Charlassier

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com