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Un antidote à la routine Paris
Salle Pleyel
03/02/2001 -
Ludwig van Beethoven : Concerto pour violon, opus 61 - Symphonie n° 3, opus 55 "Héroïque"
Hilary Hahn (violon)
Orchestre philharmonique de Radio France, Myung-Whun Chung (direction)
Face à un programme tellement classique qu’il en devenait périlleux, Myung-Whun Chung a, une fois de plus, subjugué une Salle Pleyel remplie à ras bord. Rien d’étonnant à cela, tant il apporte un soin permanent à fuir toute routine en renouvelant, avec rigueur et inventivité, l’intérêt de tels piliers du répertoire.
Dans le Concerto pour violon, Chung se fait apollinien, offrant plénitude et sérénité au jeu à la fois équilibré et sensible de Hilary Hahn. D’une précision redoutable (les aigus!), la jeune Américaine, sobre sans être lisse, recourant fort parcimonieusement au vibrato, adopte toujours le juste ton. Si chacun des trois mouvements est parfaitement caractérisé, le finale, plus enlevé et d’une belle verdeur, permet en outre d’apprécier une virtuosité quasi infaillible. Avec le siciliano de la Première sonate de Bach, donné en bis, elle sait également faire preuve d’un sens poétique convaincant.
D’une autorité qu’on qualifierait aisément d’impériale si Beethoven n’avait pas rageusement biffé la dédicace originellement destinée au Premier consul, Chung souligne l’énergie et le drame qui parcourent la Symphonie héroïque. Mettant en valeur l’alternance des périodes de tension et de détente, particulièrement sensible dans cette oeuvre, il atteint une rare intensité expressive dans la marche funèbre. Toujours d’une grande clarté, il parvient à nouveau à accomplir ce tour de force: concilier le soin qui paraît accordé à la moindre note avec une interprétation constamment vivante.
L’Orchestre philharmonique de Radio France démontre une fois de plus son aptitude à la fois technique et musicale à suivre les conceptions toujours exigeantes du chef coréen.
Simon Corley
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