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Un Cosi pour débutants

Tourcoing
Théâtre municipal Raymond Devos
03/10/2015 -  et 13, 15* mars 2015
Wolfgang Amadeus Mozart: Così fan tutte, K. 588
Clémence Tilquin (Fiordiligi), Anna Destraël (Dorabella), Ruth Rosique (Despina), Robert Getchell (Ferrando), Joan Martín-Royo (Guglielmo), Nicolas Rivenq (Don Alfonso)
Ensemble vocal de l’Atelier lyrique de Tourcoing, La Grande Ecurie et la Chambre du Roy, Jean-Claude Malgoire*/Emmanuel Olivier (direction)
Pierre Constant (mise en scène), Roberto Platé (décors), Jacques Schmidt, Emmanuel Peduzzi (costumes), Jacques Rouveyrollis (lumières)





L’Atelier lyrique de Tourcoing reprend le Così fan tutte (1790) qu’il a créé il y a vingt ans. A l’époque, le Syndicat de la critique avait décerné un prix à ce spectacle représenté plusieurs fois depuis, y compris à Paris. Il en existe des plus audacieux que celui-ci mais il n’accuse pas trop son âge. Cohérente et rigoureuse, la mise en scène de Pierre Constant caractérise les personnages avec profondeur et subtilité sans chercher midi à quatorze heures. Cette conception traditionnelle et fidèle de cet ouvrage ne peut que satisfaire ceux qui le ne connaissent pas encore ou qui assistent à une représentation d’opéra pour la première fois.


Malgré un jeu d’acteurs fluide et enlevé, les idées viennent à manquer au second acte, durant lequel l’attention se dissipe une fois passé l’effet de surprise. Le décor, paroi semi circulaire percée de portes et persiennes, demeure identique dans les deux actes. Les jeux de lumières suggestifs de Jacques Rouveyrollis et les effets spécieux, notamment l’imitation de l’orage, apportent un peu de diversité de temps à autre. Les costumes, qui inscrivent cet improbable imbroglio amoureux plusieurs siècles auparavant, et dans un cadre vaguement oriental, se distinguent par leur sobriété et leur beauté. Les vêtements et les coiffures exploitent la similitude des deux sœurs et de leur amoureux qui apparaissent, au lever de rideau, dans un bain turc en compagnie d’Alfonso qui fume du narguilé.


Les chanteurs apportent de la fraîcheur et du tonus. Clémence Tilquin livre une prestation accomplie dans le rôle de Fiordiligi, qu’elle chante soigneusement et avec style. L’expérience permettra à Anna Destraël, qui compose le personnage de Dorabella avec sensibilité et intelligence, de mieux souder les registres et d’assouplir davantage la ligne mais la voix séduit sur toute l’étendue de la tessiture. Ruth Rosique, soprano à la voix veloutée, incarne, quant à elle, une Despina au caractère bien trempé. Les hommes ne se hissent pas à la même hauteur. Le tempérament et les compétences de Robert Getchell en Ferrando compensent en partie une émission nasale gênante, un vibrato de faible ampleur et un timbre terne tandis que Joan Martín-Royo chante Guglielmo avec rigueur et distinction mais sans grand relief. Vétéran de la distribution, Nicolas Rivenq joue un Don Alfonso aussi plaisant à voir qu’à entendre: éloquence, prestance et chant dans l’ensemble rigoureux mais parfois à court de souffle.


Fidèle au poste, Jean-Claude Malgoire dirige La Grande Ecurie et la Chambre du Roy en respectant l’équilibre avec le plateau. Le chef, qui discute toujours avec des spectateurs dans le hall du théâtre avant le début de la représentation, adopte des tempi sages et posés, dans l’Ouverture, par exemple, trop placides, alors qu’il ne faut pas hésiter à conférer plus d’éclat et de théâtralité à cette musique. Les cordes s’unissent du mieux qu’elles peuvent, les bois interviennent avec constance et finesse mais les cuivres, sèches et cahoteuses, manifestent leur présence de façon trop souvent anonyme. Une formation de première division dévoilerait mieux toute les finesses et les sous-entendus que cet opéra recèle mais la prestation de l’orchestre n’amoindrit pas l’intérêt de cette reprise. Le pianoforte intervient pour sa part avec imagination durant les récitatifs mais quel dommage de confiner les choristes dans la fosse alors qu’ils pourraient croquer de savoureux personnages sur la scène.


Le site de l’Atelier lyrique de Tourcoing



Sébastien Foucart

 

 

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