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Du théâtre au concert Bruxelles Bozar, Salle Henry Le Bœuf 03/06/2015 - Giovanni Paisiello: Il barbiere di Siviglia Topi Lehtipuu (Il conte di Almaviva), Mari Eriksmoen (Rosina), Pietro Spagnoli (Bartolo), Andrè Schuen (Figaro), Fulvio Bettini (Don Basilio), Christoph Seidl (Lo Svegliato), Erik Arman (Il Giovinetto)
Freiburger Barockorchester, René Jacobs (direction)
R. Jacobs (© Marco Borggreve)
Le Klara Festival débute ce 6 mars avec Le Barbier de Séville (1782) de Paisiello (1740-1816) : retenir ce Barbier au lieu de celui de Rossini n’étonne pas de la part de ce festival qui propose une programmation originale chaque année. Le concert respecte le principe de celui du 22 septembre dont l’excellent souvenir ne s’estompera pas de sitôt : du théâtre au concert et René Jacobs à la direction, cette fois non plus avec l’Académie de musique ancienne de Berlin mais avec l’Orchestre baroque de Fribourg, dynamique, léger, impeccable. Le chef met en valeur cette musique à la veine mélodique irrésistible et au caractère théâtral affirmé, même si les récitatifs se limitent à l’essentiel – à Saint-Pétersbourg, où l’ouvrage a été créé, les spectateurs ne comprenaient de toute façon pas l’italien.
La trame est proche de celle de l’opéra du Pesareso, qui occulta celui-ci, pourtant représenté avec beaucoup de succès à l’époque, mais le livret de Giuseppe Petrosellini accorde un peu moins d’importance à Figaro. L’équipe réunie ce soir a interprété ce dramma giocoso le mois dernier au Theater an der Wien dans une mise en scène de Moshe Leiser et Patrice Caurier. Fougueuse et rodée, la distribution se produit sur la scène de la salle Henry Le Bœuf avec tellement de verve et de dynamisme que les décors et costumes deviennent superflus, exactement comme dans L’Enlèvement au sérail en septembre. Un tel concert place la barre très haut. Ces versions de concert traditionnelles, dans lesquelles les chanteurs se placent sagement devant leur pupitre, deviennent dépassées.
La distribution procure bien du plaisir. Topi Lehtipuu, qui ne compte pas parmi les chanteurs les plus charismatiques, remplit honorablement ses obligations dans le rôle du comte. La voix manque d’un peu de chair et la ligne de mordant mais le ténor se comporte en excellent comédien et contribue à la réussite de la représentation. Fraiche et gracieuse, Mari Eriksmoen, qui avait déjà interprété Blonde dans ce fameux Enlèvement au sérail, témoigne d’une grande présence scénique et chante le personnage de Rosine avec virtuosité et aisance sur toute l’étendue de la tessiture. Drôle tout en conservant une mise élégante, le Bartolo de Pietro Spagnoli, baryton compétent et expérimenté, constitue un véritable régal, Andrè Schuen, autre baryton, interprète son Figaro avec tenue et sans cabotinage et Fulvio Bettini cultive savoureusement la fibre comique de Don Basilio sans paraître grotesque ou caricatural. Un bémol : selon le programme, le concert s’achève approximativement à 22 heures 15 alors qu’il se termine finalement trois quarts d’heure plus tard, en ayant débuté à l’heure : pas pratique pour ceux qui doivent regagner leur domicile en transport en commun.
Le site du KlaraFestival
Sébastien Foucart
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