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Broadway sur Genève Geneva Grand Théâtre 02/13/2015 - et 14, 15, 16*, 18, 19, 20, 21, 22, 23, 24 février 2015 George Gershwin : Porgy and Bess Alvy Powell*/Terry Cook (Porgy), Morenike Fadayomi*/Indira Mahajan (Bess), Michael Redding (Crown), Jermaine Smith (Sportin’ Life), Marjorie Wharton (Maria), Heather Hill (Clara), John Fulton (Jake), Mari-Yan Pringle (Serena)
Chœur et Orchestre du New York Harlem Theater, William Barkhymer (direction musicale)
Baayork Lee (mise en scène), Michael Scott (décors), Christina Giannini (costumes), Reinhard Traub (lumières)
(© Luciano Romano)
L’Orchestre de la Suisse Romande ayant entrepris une vaste tournée aux Etats-Unis, le Grand Théâtre de Genève a pallié l’absence de sa formation maison en invitant un spectacle « clé en main ». En l’occurrence, le Porgy and Bess du New York Harlem Theater. Une initiative à saluer tant l’œuvre est rarement jouée, en raison peut-être de l’obligation imposée par Gershwin d’aligner une distribution composée exclusivement de chanteurs afro-américains. La production venue de la Grande Pomme est parfaitement rodée : elle est à l’affiche depuis plusieurs années déjà et a beaucoup voyagé à travers le monde, avec une équipe merveilleusement soudée. Tout est réglé au millimètre près, comme du papier à musique, et dès les premières notes, on est immédiatement transporté à Catfish Row, petite communauté noire de Caroline du Sud plus vraie que nature, qui va devenir le théâtre du drame : un homme violent, Crown, en tue un autre et s’enfuit, laissant seule sa compagne Bess, laquelle trouve refuge auprès de Porgy, estropié, dont elle tombe amoureuse. Mais le dealer Sportin’ Life puis Crown n’auront de cesse de venir vanter à Bess les attraits de son ancienne vie. Celle-ci se laisse convaincre et décide finalement de quitter Porgy.
La partition de Gershwin est émaillée d’airs plus connus les uns que les autres, « Summertime », « It ain’t necessarily so » ou encore « I got plenty o’Nuttin », qui sont depuis devenus de véritables standards du jazz et que le public attend avec impatience. L’alternance de rythmes de jazz, de blues et de swing fait vibrer les spectateurs. Alors qu’importe finalement si l’orchestre ne sonne pas toujours juste et si les lignes de chant des solistes ne sont pas parfaites. Seule Mari-Yan Pringle en Marina possède une voix digne du Grand Théâtre, et son « My man’s gone now » est l’un des moments les plus émouvants de la soirée. Mais la présence scénique des interprètes, leur dynamisme, leur énergie, leur plaisir évident à être sur scène ensemble font des étincelles, au point qu’on en oublie les défauts musicaux et vocaux. Le plus bel exemple est la Maria de Marjorie Wharton, qui n’a plus de voix du tout, mais qui est impayable dans son rôle de mégère acariâtre. Pour le reste, le professionnalisme des Américains fait merveille et le public est conquis. Le temps des représentations, un petit air de Broadway va souffler sur Genève !
Claudio Poloni
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