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Spectaculaire

Dijon
Auditorium
01/20/2015 -  et 22, 24 janvier 2015
Leos Janácek : Kátia Kabanová
Andrea Dankova (Káterina Kabanová [Katia]), Katja Starke (Marfa Ignatěvna Kabanová [Kabanicha]), Katerina Hebelkova (Varvara), Alexey Kosarev (Boris Grigorjevic), Jérôme Billy (Vána Kudrjás), Albert Bonnema (Tichon Ivanyc Kabanov), Krystof Borysiewicz (Savël Prokofievic Dikoj), Johnny Herford (Kuligin), Anna Wall (Glása), Aurélie Marjot (Feklusa)
Chœur de l’Opéra de Dijon, Czech Virtuosi, Stefan Veselka (direction musicale)
Laurent Joyeux (mise en scène), Stephen Sazio (dramaturgie et collaboration à la mise en scène), Damien Caille-Perret (scénographie), Céline Perrigon (costumes, maquillage et coiffures), Jean-Pascal Pracht (lumières)


Tout au long de sa maturité, Janácek a constamment recherché l’économie maximale dans l’expression: non quelque décantation éthérée et appauvrie, mais l’élimination de tout élément «technique», afin d’atteindre directement l’émotion. Autant dire qu’il refusait le décorum et l’enrobage, sinon la boursouflure romantique, et cette esthétique se manifeste de manière exemplaire dans Kátia Kabanová – comme dans De la maison des morts – qui compte parmi les ouvrages les plus denses du répertoire, et l’un des plus fascinants, auquel Laurent Joyeux, directeur de l’Opéra de Dijon a voulu s’attaquer, avec les énergies vives de sa mandature.


Sur le vaste plateau de l’Auditorium, sa mise en scène prend le parti du visuel, voire du spectaculaire. Avec ses généreuses étendues d’eau, ses monticules comme limites du jardin, sa frondaison pleurant comme un saule, la scénographie de Damien Caille-Perret collabore à cette démarche qui fait plus volontiers rêver qu’elle ne touche. Le fracas appuyé du tonnerre et les éblouissantes zébrures d’éclairs au début du troisième acte le confirment éloquemment, de même que la noyade dans la rivière, littérale sans réserve, à l’image d’une conception essentiellement illustrative où les interactions théâtrales sont limitées autant que possible.


Au demeurant, ce travail s’adapte aux dimensions de la salle, qui présente le rare avantage de donner une illusion acoustique de conditions de répétition. Nonobstant cette relative isolation de l’intimisme absolu de la partition, la direction de Stefan Veselka laisse s’épanouir les sonorités colorées à l’idiome vernaculaire des Czech Virtuosi, préférés à des formations allophones. Des tempi un peu trop modérés s’appesantissent parfois sur le propos, plus qu’il ne le faudrait. La nervosité du drame ne manque pas cependant de se faire perceptible, dans cette lecture qui se réfère à une certaine tradition d’Europe centrale.


Le plateau vocal assume fort honnêtement sa partie, à commencer par la Kátia fragile d’Andrea Dankova, au timbre jouant de la proximité avec celui de la Varvara de Katerina Hebelkova. Katja Starke souligne la domination exercée par Kabanicha sur les siens, de laquelle le Dikoj de Krystof Borysiewicz se montre complice. Alexey Kosarev affirme un Boris vigoureux, aux côtés du Kudrjás campé par Jérôme Billy, tandis qu’Albert Bonnema révèle la veulerie de Tichon, le mari ivrogne. Mentionnons également le Kuligin de Johnny Herford, Anna Wall en Glása et Aurélie Marjot en Feklusa, ainsi que la performance du Chœur de l’Opéra de Dijon, d’une belle constance, au diapason d’un spectacle qui n’exagère pas l’âpreté dont peut faire preuve l’univers inimitable de Janácek.



Gilles Charlassier

 

 

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