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Bach aux couleurs de l’esprit

Tourcoing
Théâtre municipal Raymond Devos
01/16/2015 -  et 18 janvier 2015
Johann Sebastian Bach : Messe en si mineur, BWV 232
Olga Pasichnyk (soprano I), Anne Magouët (soprano II), Jean-Michel Fumas (contre-ténor), Robert Getchell (ténor), Alain Buet (baryton-basse)
Chœur régional Nord-Pas de Calais, Eric Deltour (direction des chœurs), La Grande Ecurie et la Chambre du Roy, Jean-Claude Malgoire (direction musicale)


(© Jean-Pierre Leclercq)


Monument essentiel du répertoire, la Messe en si mineur de Bach n’a jamais été confisquée par les «baroqueux», quand bien même la quête d’authenticité de ces derniers apporte un éclairage singulier, surtout quand leur sensibilité va au-delà de l’exactitude musicologique, à l’instar de Jean-Claude Malgoire et de son ensemble La Grande Ecurie et la Chambre du Roy, ancrés à Tourcoing depuis près de cinquante ans. Le concert donné au Théâtre municipal Raymond Devos en témoigne.


A rebours de certaines dynamiques soutenues, à la limite de l’agressif, le chef français privilégie le déploiement des couleurs et des saveurs, tout en se montrant vigilant à la partie vocale, qu’il intègre sans réserve dans sa manière de sculpter la matière musicale. Le Kyrie inaugural le démontre éloquemment, où s’exprime la richesse de l’inspiration polyphonique, secondée par l’expressivité des bois: l’intériorité spirituelle se manifeste avec sincérité. Le Gloria luit d’harmonies et fait la part belle aux solistes comme à l’écriture concertante, à l’exemple des cors naturels, plus authentiques peut-être que stables du «Quoniam tu solus sanctus», avant l’éclat final du «Cum Sancto Spirito», où explose un frisson jubilatoire qui semble avoir été économisé jusqu’alors, impression renforcée par une certaine modération des tempi. Le Credo bénéficie de cette lecture sans esbroufe, animée par un constant souci de la collégialité, reconnaissable également dans le Sanctus et un «Osanna» enlevé avant un Agnus Dei d’une vibrante intériorité grâce à Jean-Michel Fumas, idéalement frêle, sinon fragile, recueilli mais non languide, couronné par un «Dona nobis pacem» pleinement réconciliateur.


Outre cette voix de contre-ténor correspondant aux attendus de la partition, on mentionnera la présence d’Alain Buet, soulignant l’enracinement terrestre des interventions de la basse, tandis que les deux sopranos, Olga Pasichnyk et Anne Magouët, font valoir une indéniable complémentarité. Rien ne saurait être reproché significativement au ténor Robert Getchell, quand on n’oubliera pas le travail réalisé par Eric Deltour à la tête du Chœur régional Nord-Pas-de-Calais, vivante preuve que les spécialistes n’ont aucun monopole légitime. C’est d’ailleurs cette ouverture d’esprit comme de pratique qui amène l’Atelier lyrique de Tourcoing à sortir des limites du baroque où l’on pourrait avoir la tentation de circonscrire Jean-Claude Malgoire et les siens. Ainsi, après la reprise d’un Così fan tutte extrait d’un cycle Da Ponte réglé par Christian Schiaretti et accueilli favorablement par le public comme par la critique, c’est la version originale de Pelléas et Mélisande – sans les interludes donc – qui sera l’un des temps forts du printemps, aussi bien au niveau local que national. La curiosité avertie de Jean-Claude Malgoire ne s’émousse pas avec les ans, au contraire. Signalons enfin que le présent concert Bach sera redonné le 16 mars au Théâtre des Champs Elysées, avec une distribution renouvelée.



Gilles Charlassier

 

 

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