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Strauss en majesté

Lyon
Auditorium Maurice Ravel
01/16/2015 -  et 17 janvier 2015
Richard Strauss : Concerto pour hautbois et petit orchestre en ré majeur – Vier letzte Lieder – Eine Alpensinfonie, opus 64
Malin Byström (soprano), Jérôme Guichard (hautbois)
Orchestre national de Lyon, Leonard Slatkin (direction)


M. Byström (© Peter Knutson)


Alors que 2014 a marqué les cent cinquante ans de la naissance de Richard Strauss, l’Auditorium de Lyon continue à le mettre à l’honneur en offrant au public de la capitale des Gaules une soirée entièrement consacrée à ses œuvres. Autre bonheur, c’est le chef américain Leonard Slatkin qui dirige la phalange lyonnaise, orchestre dont il est le directeur musical depuis 2012.


Le concert débute par son Concerto pour hautbois et petit orchestre, une œuvre tardive puisque composée en 1945, et créée à la Tonhalle de Zurich un an plus tard. La partie d’orchestre est «limitée» par rapport aux formations exigées en général par les poèmes symphoniques, avec seulement deux flûtes, un cor anglais, deux clarinettes, deux bassons, deux cors et un petit ensemble de cordes: l’équilibre avec le hautbois soliste – ici tenu par Jérôme Guichard, hautboïste solo de l’Orchestre national de Lyon depuis 1997 – est ainsi relativement facile à trouver. Les demi-teintes et la tristesse à peine voilée, si caractéristiques des derniers opus de Strauss, sont rendues avec beaucoup de délicatesse par l’orchestre, tandis que le hautboïste accentue l’aspect tendre et mozartien de sa partie. La beauté du son et des phrasés dans le nostalgique chant cantabile du deuxième mouvement émeuvent tout particulièrement.


De l’émotion, nous en éprouverons au¬delà de toute mesure ensuite, grâce à Malin Byström, venue interpréter les sublimes Quatre derniers lieder, ces absolus chefs-d’œuvre écrits entre 1945 et 1948 par Strauss sur des poèmes de Josef von Eischendorff et Hermann Hesse. La beauté du timbre de la soprano suédoise, ses aigus faciles et rayonnants, ses piani enchanteurs dans le haut du registre, font merveille dans ces pages extraordinaires. Elle délivre notamment un «Septembre» poignant de mélancolie et un Au crépuscule bouleversant, comme suspendu dans le temps et l’espace, qui rend pleinement justice à cette sublime évocation du crépuscule de la vie de Strauss. Elle parvient également à toucher le cœur des spectateurs, qui fait une fête à tout rompre à la cantatrice, après plusieurs secondes d’un silence «fracassant».


Après l’entracte, l’orchestre s’attaque à la grandiose Symphonie alpestre, le dernier poème symphonique de Strauss, dédié à la magnificence des Alpes, ainsi qu’à la beauté et à la grandeur de la Nature. Composé entre 1911 et 1915, divisé en vingt-deux sections (jouées d’un seul trait), l’ouvrage illustre l’ascension héroïque d’un randonneur jusqu’au sommet d’un glacier. Il requiert un effectif instrumental énorme, pour ne pas dire pharaonique, dont une vingtaine de cors (y compris douze derrière la scène)! Ici encore, Slatkin parvient à tirer le meilleur de son orchestre, reproduisant avec une belle maestria toute la palette de nuances et de couleurs que propose cette magnifique partition: les vents sont précis et trouvent leur juste place malgré les assauts des cuivres, tandis qu’une partie des cors est placée en coulisse afin de renforcer l’idée d’écho recherchée par Strauss. Nous retiendrons en mémoire certains passages comme «Orage et tempête», qui a fait trembler les murs de l’auditorium Maurice Ravel, ou «La Promenade près du torrent», nimbée d’une magnifique sensualité. Et même si l’orchestre sonne par moments plus berliozien que bavarois, nous ne boudons pas notre plaisir à l’issue du concert, porté par l’enthousiasme d’avoir enfin entendu pour la première fois dans une salle de concert une de nos œuvres orchestrales préférées!



Emmanuel Andrieu

 

 

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