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Fringante quinquagénaire Paris Théâtre national de Chaillot (Salle Jean Vilar) 12/24/2014 - et 25, 26*, 27, 28 (Paris), 30 (Or Akiva) décembre 2014, 7, 8, 9, 10 (Santiago), 27 (Vannes) janvier, 3 (Arcachon), 5, 6 (La Rochelle) février, 12, 13, 14 mars (Tel Aviv) 2015 Decadance Paris Extraits de chorégraphies d’Ohad Naharin: Max (2007), Seder (2007), George and Zalman (2006), Telophaza (2006), Three (2005), Naharin’s Virus (2001), Moshe (1999), Zachacha (1998), Zina (1995), Anaphaza (1993), Mabul (1992), Kyr (1990) et Black Milk (1991/1985)
Musiques: The Beach Boys, Maxim Warrat, Goldfrapp, Antonio Vivaldi, Maurice Ravel, Harold Arlen/Marusha, Cha-Cha De Amor (chanté par Dean Martin et Rolley Polley), Hawaii five-0/Morton Stevens, Chansons traditionnelles arrangées et chantées par Tractors’ Revenge et Ohad Naharin, Habib Alla Jamal, Paul Smadbeck et Ivri Lider
Avi Yona Bueno (Bambi) (lumières et scénographies), Rakefet Levy (costumes)
Batsheva Dance Company
Fondée en 1964 par une Française, la baronne Bethsabée (Batsheva) de Rothschild, la Batsheva Dance Company, qui occupe à Tel Aviv de magnifiques locaux dans le Centre culturel Susanne Dellal du quartier rénové de Neve Tzedek, a acquis en un demi-siècle une réputation mondiale, d’abord grâce à Martha Graham puis, depuis 1990, sous l’impulsion de son directeur artistique Ohad Naharin. Elle représente la partie la plus visible de la vague chorégraphique d’une grande vitalité que ce pays envoie au monde.
Ce passage par Paris, lieu symbolique pour fêter ce jubilé après deux années d’absence, est l’occasion d’y présenter pour la première fois un spectacle déjà ancien, Naharin’s Virus, réalisé en 2012 d’après la pièce de Peter Handke Outrage au public sur des musiques commandées à deux compositeurs palestiniens.
Decandance, dont c’est le retour à Chaillot où il a été présenté en 2012, est un des ballets les plus demandés à la compagnie lors de ses tournées mondiales et fait partie dans une version réduite (Danz) du répertoire des deux grandes compagnies nord-américaines que sont l’Alvin Ailey American Dance Theater et les Grands Ballets canadiens de Montréal. Œuvre sans cesse remaniée, il se compose d’extraits des pièces emblématiques de la compagnie, dix parties (d’où «Deca-dance») aussi dissemblables les unes que les autres mais qui s’enchaînent en quatre-vingts minutes avec un timing et une évidence qui relèvent du cousu main. La version que nous avons vue, légèrement plus longue qu’en 2012, a été baptisée pour l’occasion Decadance Paris. Le choix musical est magnifique, avec des grands classiques de la chanson israélienne (Hava nagila mais aussi des perles plus rares), de la musique classique (Stabat Mater de Vivaldi, Boléro de Ravel) mais aussi des montages, comme l’énumération répétitive de la première dizaine des chiffres en grec moderne, substrat d’une chorégraphie de groupe des plus inventives. La folie rode toujours dans la danse de Naharin et la virtuosité ainsi que la diversité physique des interprètes reflètent bien l’état d’esprit sociétal de la troupe. L’énergie dégagée est tout à fait contagieuse et dans une des séquences les plus étonnantes, les seize danseurs sélectionnent dans la salle des spectateurs qu’ils ramènent sur scène pour les engager dans un cha-cha-cha aussi endiablé que le pari est périlleux.
Decadance, plus qu’un raccourci dans l’œuvre de Naharin, est une belle leçon d’humanité qui contient toute la gamme des émotions, de la joie à la tristesse, une dose d’humour indestructible et permet aux corps des seize danseurs de donner avec une incroyable virtuosité et précision le meilleur de chacun.
Le site de la Batsheva Dance Company
Olivier Brunel
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