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Ouverture de saison par-delà la crise

Roma
Teatro Costanzi
11/27/2014 -  et 29 novembre, 2, 4, 7, 10, 12, 14* décembre 2014
Antonín Dvorák : Rusalka, opus 114, B. 203
Svetla Vassileva/Anna Kasyan* (Rusalka), Maksim Aksenov/Peter Berger* (Le Prince), Steven Humes (Vodník), Larissa Diadkova (Jezibaba), Michelle Breedt (La Princesse étrangère), Ignor Gnidii (Le garde-chasse), Eva Liebau (Le plongeur), Anna Gorbachyova (Première nymphe), Federica Giansanti (Deuxième nymphe), Hannah Esther Minutillo (Troisième nymphe), Antonello Ceron (Un chasseur), Corpo di Ballo del Teatro dell’Opera
Coro del Teatro dell’Opera, Roberto Gabbiani (chef du chœur), Orchestra del Teatro dell’Opera, Eivind Gullberg Jensen (direction musicale)
Denis Krief (mise en scène, costumes et lumières), Denys Ganio (chorégraphie)


Les avanies de l’Opéra de Rome et la démission de Riccardo Muti ont fait les colonnes des journaux et bien des gorges chaudes de Cassandres autoproclamées. La menace qui pesait sur l’avenir lyrique de la piazza Beniamino Gigli semble désormais s’être dissipée, et c’est en un temps remarquablement court qu’une Rusalka est venue prendre la place de l’Aïda initialement programmée: Dvorák contre Verdi, un folklore d’ailleurs face à une tradition plus «locale». De la légende bohémienne, Denis Krief en a tiré un spectacle qui souscrit aux attendus d’une certaine modernité scénographique plus ou moins assaisonnée de minimalisme. L’ensemble se révèle habilement réglé, où se détache un lac anguleux suspendu qui pourrait voisiner dans l’imaginaire francophone avec la Veuve, tandis que les lumières sculptent les atmosphères avec une indéniable poésie. On appréciera les chorégraphies consensuelles et néanmoins vivifiantes de Denys Ganio.


Si les circonstances n’ont peut-être pas comblé les amateurs de voix célèbres et établies au-delà des cercles initiés, les deux dernières représentations mettent en avant deux excellents solistes, relativement jeunes encore peut-être, mais au tempérament déjà affirmé. Dans le rôle-titre, Anna Kasyan, que les Romains ont pu applaudir en Anaï dans Moïse et Pharaon il y a quelques années, livre une composition émouvante et nuancée de l’ondine, jusque dans l’éloquent mutisme du deuxième acte. Le lyrisme de la ligne contraste avec des accents plus sombres, sans jamais disperser l’homogénéité de la voix. Entre la sophistication d’une Fleming et l’innocence diaphane et rayonnante d’une Guryakova, la soprano géorgienne présente une caractérisation plus complexe, plus proche d’une certaine sentimentalité humaine peut-être aussi. Peter Berger lui oppose un Prince empreint de fraîcheur et à l’éclat indéniablement slave, magnifié par un jeu nourri d’intentions sensibles, nonobstant une relative gaucherie çà et là, que l’on pourra mettre en rapport avec les contradictions du personnage.


Le reste du plateau ne démérite pas moins. Solide sans négliger la souplesse, Steven Humes laisse poindre la compassion dans la mise en garde de l’Esprit des eaux, maître du destin de Rusalka. Si Larissa Diadkova ne possède pas l’imposant métal de certaines Jezibaba, ses graves un peu éloignés des abysses la préservent de ruptures de registre trop accusées et ne l’empêchent nullement de produire son effet. Michelle Breedt affiche sans doute plus d’efficacité que de grâce en Princesse étrangère. Signalons encore le Garde-chasse d’Igor Gnidii, le Plongeur d’Eva Liebau, le Chasseur d’Antonello Ceron, et un trio de nymphes de belle facture – Anna Gorbachyova, Federica Giansanti et Hannah Esther Minutillo.


Préparé par Roberto Gabbiani, le chœur s’acquitte honorablement de son office. Placé sous la direction d’Eivind Gullberg Jensen, l’orchestre de la maison respire le romantisme mélancolique de la partition, même si l’aplomb des cuivres porte son oreille plus vers la germanité que la Bohème, où, il faut le reconnaître, on n’attendait pas nécessairement l’Opéra de Rome, lequel surprend, en l’espèce, d’agréable manière, quand bien même le nombre du public ne l’explicite pas suffisamment.



Gilles Charlassier

 

 

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