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Grazie Maestro Milano Teatro alla Scala 12/07/2014 - et 10, 13, 16, 20*, 23 décembre 2014 Ludwig van Beethoven : Fidelio, opus 72 Peter Mattei (Don Fernando), Falk Struckmann (Don Pizarro), Klaus Florian Vogt*/Jonas Kaufmann (Florestan), Anja Kampe (Leonore), Kwangchul Youn (Rocco), Mojca Erdmann (Marzelline), Florian Hoffmann (Jaquino), Oreste Cosimo (Erster Gefangener), Devis Longo (Zweiter Gefangener)
Coro del Teatro alla Scala, Bruno Casoni (préparation), Orchestra del Teatro alla Scala, Daniel Barenboim (direction musicale)
Deborah Warner (mise en scène), Chloe Obolensky (décors et costumes), Jean Kalman (lumières)
(© Brescia/Amisano Teatro alla Scala)
Daniel Barenboim vient d’offrir un superbe cadeau d’adieu au public milanais en dirigeant à la Scala une nouvelle production de Fidelio qui fera date pour son exécution musicale. Le chef a sublimé la partition de Beethoven en optant pour des tempi larges et étirés, dont la lenteur a certes pu exaspérer certains, mais qui ont permis aux musiciens de dérouler un tapis sonore soyeux et majestueux, avec des éclats lumineux et une transparence inouïe qui a fait entendre chaque détail instrumental d’un orchestre en état de grâce. Un Fidelio symphonique, serait-on tenté de dire, mais le maestro a pris soin de ne pas négliger la dynamique et de ne jamais faire tomber la tension dramatique ; et surtout, il a été un parfait accompagnateur des chanteurs. Musicalement, la soirée rejoint les deux réussites incontestées des neuf ans du mandat de Daniel Barenboim en qualité de directeur musical de la Scala : le Tristan et Iseult de 2007, mis en scène par le regretté Patrice Chéreau et marqué par l’Isolde incandescente de Waltraud Meier, ainsi que le Lohengrin très cérébral de Claus Guth en 2012, emmené par le couple de rêve qu’ont formé Anja Harteros et Jonas Kaufmann. Les applaudissements enthousiastes reçus par le chef au rideau final témoignent de l’attachement des Milanais. Le prochain directeur musical de la Scala sera Riccardo Chailly, qui prendra ses fonctions le 1er mai prochain en dirigeant une nouvelle production de Turandot.
Scéniquement par contre, ce Fidelio ne restera pas dans les annales. La production de Deborah Warner n’apporte rien de fondamentalement nouveau pour la compréhension de l’œuvre et se résume à une mise en espace, dans l’enceinte d’une prison de notre époque, grise et froide. Le cachot dans lequel est enfermé Florestan est particulièrement sombre ; lorsqu’ils viennent sauver le prisonnier, les hommes du ministre abattent plusieurs parois, le plateau se retrouvant alors instantanément enveloppé d’une lumière vive. La lumière après l’obscurité, c’est bien peu comme idée de mise en scène. Heureusement, l’exécution musicale – on l’a dit plus haut – mais aussi la distribution vocale rachètent cette indigence. Anja Kampe incarne un magnifique Fidelio. Si la chanteuse n’a peut-être pas la puissance et l’épaisseur vocales requises pour le rôle, elle fait preuve d’une autorité, d’une vaillance et d’un engagement qui rendent son incarnation tout à fait convaincante. La voix éthérée de Klaus Florian Vogt n’est sans doute pas idéale pour traduire l’immense détresse de Florestan, mais elle évoque la lumière et l’aspiration à la justice ; une incarnation à l’exact opposé, soit dit en passant, de celle de Jonas Kaufmann, venu remplacer son collègue au pied levé pour la deuxième représentation de la série. Kwangchul Youn campe un Rocco particulièrement compatissant et humain, avec une diction qui n’a rien à envier à celle de ses confrères germanophones. Falk Struckmann incarne, pour sa part, un Pizarro extrêmement cassant et brutal. Tous deux très jeunes, Mojca Erdmann et Florian Hoffmann ont admirablement prêté leur voix respectivement à une Marzelline et un Jaquino adolescents, découvrant les tourments de l’amour. Egal à lui-même, Peter Mattei est un Don Fernando de luxe. Il convient de mentionner également la très belle prestation du chœur. Pour une fois, le public milanais n’a pas été avare d’applaudissements au rideau final, mais ce spectacle le méritait bien, musicalement et vocalement dans tous les cas.
Claudio Poloni
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