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Belles promesses Paris Maison de la radio (Auditorium) 12/19/2014 - Antonín Dvorák : Concerto pour violoncelle et orchestre n° 2, en si mineur, opus 104
Johannes Brahms : Symphonie n° 1, en ut mineur, opus 68 Daniel Müller-Schott (violoncelle)
Orchestre philharmonique de Radio France, Lionel Bringuier (direction)
L. Bringuier (© Jonathan Grimbert-Barré)
Second concert du cycle Brahms-Dvorák sous la direction de Lionel Bringuier, qui n’avait pu diriger le premier : le jeune chef, déjà directeur de la Tonhalle de Zurich, continue de s’affirmer, ici à la tête d’un Philhar’ excellent et très réceptif.
Le Concerto pour violoncelle de Dvorák concilie la puissance et la poésie, avec d’abord un premier mouvement euphorique, où brille la petite harmonie du Philhar’ – c’est essentiel pour Dvorák et la musique tchèque. Le lyrisme de l’Adagio ma non troppo reste sobre, la marche joyeuse de l’Allegro moderato n’a aucun caractère démonstratif. La pâte sonore est très fluide, les lignes claires, alors qu’on a souvent tendance à alourdir cette musique, que le violoncelle de Daniel Müller-Schott joue à l’unisson : sonorité ronde et riche, refus de la surenchère dans l’émotion, jeu concentré, volontiers rêveur ou nostalgique. Comme si l’un et l’autre voulaient tourner le dos à une certaine tradition, pour insuffler à l’œuvre une sorte de classicisme... mais on y perd un peu la spontanéité des élans, la franchise des parfums.
La Première Symphonie de Brahms est aussi brillamment maîtrisée, avec un sens de la continuité des mouvements : l’arche se tend du puissant Poco sostenuto des premières mesures à la coda jubilatoire du final. Lionel Bringuier a le sens de la forme, même s’il ne tient pas à faire de la partition une « Dixième » de Beethoven. Ici encore, pas de pathos inutile, tout sonne clair, les couleurs sont vives, le geste est souple, qui ne noie jamais la musique dans ces « brumes nordiques » si souvent associées au compositeur allemand. Cela donne de l’air aux mouvements extrêmes, dont la polyphonie gagne en netteté. Ce qui manque ? Plus de poésie dans le mouvement lent, plus de sourire dans le Scherzo, plus de subtilité dans la dynamique... et, ici, aussi, davantage de spontanéité, de saveurs. L’interprétation doit donc encore mûrir, mais elle promet déjà beaucoup.
Le site de Lionel Bringuier
Le site de Daniel Müller-Schott
Didier van Moere
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