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Chef d’opéra ou de concert ? Bruxelles Bozar, Salle Henry Le Bœuf 12/19/2014 - et 21 décembre 2014 Hector Berlioz: L’Enfance du Christ, opus 25 Stéphanie d’Oustrac (Vierge Marie), Lionel Lhote (Saint Joseph), Paul Gay (Hérode), Frédéric Caton (Le père de famille, Polydorus), Yves Saelens (Le récitant, Centurion)
Chœur d’enfants de la Monnaie – La Maîtrise, Denis Menier (direction), Chœurs de la Monnaie, Vocaal Ensemble Reflection, Martino Faggiani (chef des chœurs), Orchestre symphonique de la Monnaie, Ludovic Morlot (direction)
L. Morlot (© Sussie Ahlburg)
Ludovic Morlot ne terminera pas la saison à la Monnaie. Durant la série de représentations de Don Giovanni, le chef permanent a annoncé sa démission sur un constat d’échec. Il continue à assurer la direction de l’orchestre dans l’opéra de Mozart mais le concert du 7 janvier au Palais des Beaux-Arts est annulé tandis que Franck Ollu se chargera de la création de Penthesilea de Pascal Dusapin le 31 mars. Heureusement que L’Enfance du Christ a été maintenu au programme pour garder de ce chef une impression favorable.
Les musiciens exécutent la trilogie sacrée de Berlioz sans pause, ce qui préserve le climat spirituel et délicat qu’ils instaurent rapidement. La finesse de leurs interventions confère à cette œuvre une dimension pastorale, et pas seulement lors du dialogue à découvert entre les deux flûtistes, délicats et expressifs. Le chef veille à rendre la texture légère et transparente, mais quelques passages paraissent troubles et imparfaitement nets. L’interprétation dégage toutefois un sentiment bienvenu de naïveté et de spontanéité, impression à laquelle contribuent les enfants de la Maîtrise de la Monnaie, relégués en coulisse.
Stéphanie d’Oustrac et Lionel Lhote se présentent sous un aspect favorable, surtout l’élégante mezzo qui apporte de la tendresse à la Vierge Marie. En revanche, la voix de Paul Gay demeure toujours aussi morne et rectiligne – cet Hérode ne marque pas les esprits. Frédéric Caton livre une prestation tout à fait acceptable mais la contribution d’Yves Saelens, excellent récitant, constitue la meilleure surprise de cette distribution. Le ténor, qui possède une voix consistante, chante avec style et déclame le texte avec une éloquence dépourvue d’affectation. Préparés par Martino Faggiani avec toute la rigueur dont il est coutumier, les choristes dégagent de l’énergie et interviennent avec concentration tout en respectant l’esprit de l’œuvre.
Ce concert somme toute accompli laisse sceptique : Ludovic Morlot a réalisé de belles choses à la Monnaie – le War Requiem en novembre de l’année passée ne s’oubliera pas de sitôt – mais pourquoi l’alchimie entre l’orchestre et son chef permanent n’a-t-elle pas fonctionné aussi bien à l’opéra qu’au concert ?
Sébastien Foucart
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