About us / Contact

The Classical Music Network

Vienna

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

Trou d’air passager

Vienna
Musikverein
12/10/2014 -  
Wolfgang Amadeus Mozart : Quatuor n° 16, K. 428
Dimitri Chostakovitch : Quatuor n° 8, opus 110
José Vianna da Motta : Cenas nas Montanhas
Maurice Ravel : Quatuor

Quatuor Matosinhos: Vitor Vieira, Juan Carlos Maggiorani (violon), Jorge Alves (alto), Marco Pereira (violoncelle)


Le Quatuor Matosinhos


Un Musikverein inhabituellement vide accueillait le public de cette humide mais douce soirée de décembre. La grande salle dorée était close et seule la salle Brahms, celle habituellement réservée aux récitals de musique de chambre, admettait quelques auditeurs épars prêts à découvrir dans le cadre de la série «Rising Stars» ce jeune quatuor portugais constitué depuis 2007.


L’unisson ouvrant le quatuor de Mozart annonce immédiatement l’intense concentration qui baigne l’interprétation de l’œuvre. Les musiciens font un usage parcimonieux du vibrato, soignent l’épaisseur du crin de chaque attaque et font resplendir chaque silence; ils épousent la musique sans la brutaliser, se délectant particulièrement au sein des nuances piano. Cela engendre des moments magiques, où les quatre instruments à peine effleurés par les archets, résonnent en parfaite harmonie. Les tempi sont partie intégrante de la vision des Matosinhos, et fluctuent avec une grande liberté au fil des phrasés.


Le Chostakovitch est aussi réussi, proposant une lecture sous contrôle, soignée mais non dénuée de violence intérieure. On est loin de la conception tranchante et désespérée qu’on entend plus fréquemment, mais cela fonctionne remarquablement bien. L’architecture de la pièce, sous la forme d’une grande arche, est elle aussi comprise et communiquée avec conviction.


On passera plus rapidement sur la pièce de José Vianna da Motta (1868-1948), qui offre un interlude divertissant, traversé de mélodies folkloriques, mais à l’instrumentation peu adroite – son quatuor à cordes sonne parfois un peu comme un trio à cordes. Sur cette belle lancée, on attendait avec impatience la pièce de résistance du programme, le Quatuor de Ravel – et quelle déception! On perd d’un coup de fil du discours, le quatuor semble peiner à s’installer dans un tempo cohérent. En apparence débordés par la complexité des lignes, les musiciens ne parviennent qu’à délivrer un message fragmenté et anecdotique. Plus gênant: les quelques faiblesses techniques qu’on pouvait parfois entrapercevoir dans les pièces précédentes, deviennent subitement trop fréquentes pour ne pas gâcher l’écoute. L’intonation laisse à désirer, la mise en place bat de l’aile. On s’ennuie ferme, et si l’on reprend pied dans le dernier mouvement à force d’énergie, le mal est fait.


Que s’est-il passé: trou d’air ou manque de familiarité avec le langage de Ravel? En faisant abstraction de la dernière pièce, il reste un beau concert d’un ensemble avec une vraie personnalité et une liberté rafraîchissante.


Le site du Quatuor Matosinhos



Dimitri Finker

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com