Back
De justesse Luxembourg Ettelbruck (CAPe) 12/06/2014 - Wolfgang Amadeus Mozart : Symphonie n° 32 en sol majeur, K. 318
Ludwig van Beethoven : Concerto pour piano n° 4 en sol majeur, opus 58
Joseph Haydn : Symphonie n° 102 en si bémol majeur Bertrand Chamayou (piano)
Orchestre philharmonique du Luxembourg, Emmanuel Krivine (direction)
(© Alfonso Salgueiro)
Une fois par an, l’Orchestre philharmonique du Luxembourg quitte son somptueux écrin de la Philharmonie de Luxembourg (dessinée par Portzamparc) pour un concert «décentralisé» au CAPe (Centre des arts pluriels), magnifique salle multimodale à la parfaite acoustique dont s’est dotée, en 2000, la ville d’Ettelbruck, située à 30 kilomètres au nord-est de la ville de Luxembourg.
Bien naturellement, on retrouve à la baguette le chef français Emmanuel Krivine, pour sa dernière saison à la tête de la phalange luxembourgeoise (qu’il dirige depuis 2006), ce soir accompagné par le pianiste toulousain Bertrand Chamayou. Nous ne pourrons malheureusement pas parler de la mise en bouche, qui donnait à entendre la Trente-deuxième Symphonie de Mozart, prendre un train en gare de Luxembourg se révélant être plus compliqué encore que prendre un métro à Londres – pour faire simple, deux trains différents peuvent partir du même quai à la même heure, mais dans un sens opposé tout de même, rassurons le lecteur sur ce point....
Juste à temps en revanche – grâce à la sagacité et au professionnalisme de l’attaché de presse local, qu’il en soit ici chaleureusement remercié – pour entendre Chamayou interpréter les premiers accords du Quatrième Concerto de Beethoven qui, sous ses doigts, sont délivrés avec pudeur et sans afféterie. Pas d’excentricité ni de gestes ostentatoires au détriment de la musique: place à un Beethoven simple et sans affectation, et à ce long poème sonore dont l’héroïsme n’est plus la tonalité dominante. Pianiste et orchestre exposent des vérités complémentaires, et ils cheminent ensemble, du dialogue aux instants de symbiose. L’interprétation, calme et dépassionnée, n’en a pas moins fait ressortir le dramatisme inhérent à l’ouvrage. Chamayou nous offre une version sobre et sans préciosité: son toucher est clair et le phrasé équilibré dans l’Andante con moto, avant de dérouler une belle virtuosité dans le Rondo final. Comme sous ses doigts ce concerto paraît merveilleusement simple et facile! Pour remercier le public de son chaleureux accueil, il délivre, en guise de bis et avec beaucoup de poésie, le très beau lied de Schubert Auf dem Wasser zu singen, adapté au piano par Liszt.
La seconde partie laisse place à l’orchestre seul, avec la Cent-deuxième Symphonie (1795). Le moins que l’on puisse dire – et pour faire court –, c’est que rien de la richesse d’écriture, des surprises, du jeu des tonalités n’échappe à Emmanuel Krivine, qui offre à l’auditoire local toute la richesse et la profondeur de l’antépénultième des Londoniennes. Pas de bis de son côté, mais un chaleureux petit discours à destination de l’équipe artistique du théâtre – ainsi que ses meilleurs vœux à l’ensemble des spectateurs venus assister à ce beau concert.
Emmanuel Andrieu
|