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Féerie de La Source

Paris
Palais Garnier
11/29/2014 -  et 2, 3*, 5, 6, 7, 8, 10, 12, 13, 15, 17, 19, 20, 22, 23, 24, 26, 27, 28, 29, 30, 31 décembre 2014
Léo Delibes et Ludwig Minkus : La Source (version réalisée par Marc-Olivier Dupin
Ludmila Pagliero*/Muriel Zusperreguy/Charline Giezendanner/Albine Albisson/Sae Eun Park (Naïla), Karl Paquette*/ François Alu/Florian Magnenet/Josua Hoffalt/Audric Bezard (Djémil), Laëtitia Pujol*/Alice Renavand/ Eve Grinsztajn/Laura Hecquet/Mureil Zusperreguy (Nouredda), Emmanuel Thibault*/Axel Ibot/Allister Madin/Marc Moreau/Fabien Revillion (Zaël), Ballet de l’Opéra national de Paris
Orchestre Colonne, Koen Kessels (direction musicale)
Jean-Guillaume Bart (chorégraphie et dramaturgie), Eric Ruf (décors), Christian Lacroix (costumes), Dominique Bruguière (lumières), Clément Hervieu-Léger (dramaturgie)


K. Paquette, L. Pagliero (© Julien Benhamou/Opéra national de Paris)


Recréée sur la scène de l’Opéra national de Paris il y a trois ans, La Source offre un bel avatar d’exhumation créative d’un ouvrage du patrimoine brièvement lié à l’histoire du bâtiment de Charles Garnier – et un beau legs de la direction artistique de Brigitte Lefèvre que l’on avait déjà salué lors de la première série de représentations. Les décors d’Eric Ruf jouent sur la mise en miroir de la salle avec nœuds, cordes et rideaux en lambeaux prolongeant le matériel technique original – ou imaginé comme tel – tandis que le scintillement des costumes dessinés par Christian Lacroix apporte une touche de magie qui convient sans doute idéalement pour ces fêtes de fin d’année, résolument placées sous le signe d’une féerie plus ou moins exotique, à en juger par la programmation, un rien redondante à cet égard, de la Grande Boutique pour ce cru 2014.


Dans une chorégraphie volontairement marquée du sceau d’une certaine tradition romantique toute en pointes et en expressions éthérées, Ludmila Pagliero se glisse avec un naturel admirable, illuminant la nymphe Naïla d’une grâce d’autant plus touchante que son amour blessé ne se départ jamais d’une élégance diaphane aux confins de la noblesse. Créature du rêve, elle sait distiller de discrètes et très équilibrées touches de féminité, incarnation prémunies contre les vulgarités de la déception. Elle contraste en cela avec la Nouredda plus nerveuse de Laetitia Pujol, où sous son voile de languide mélancolie s’agite une furieuse inquiétude. Sa performance pleine de caractère forme de la sorte une appréciable complémentarité.


Sans excès de démesure, Karl Paquette fait sentir la spontanéité de sentiment de Djémil, et fait valoir une énergie plus tendre que brillante. L’éclat revient à Emmanuel Thibault, et son Zaël enlevé, aux évidentes qualités techniques qui n’enlèvent en rien à la délicatesse de son jeu scénique où pointe un soupçon de possessivité pour sa reine des naïades. Evoquons également l’aplomb de Vincent Chaillet en Mozdock, le frère de Nouredda, volontiers brutal, qui éclaire, par-delà les charmes du conte, la cruauté du sort réservé aux femmes, simple objet d’échange. Nolwenn Daniel affirme une Dadjé sûre d’elle et de ses charmes, quand le Khan, dont elle est favorite, se révèle solidement campé dans les pas d’Alexis Renaud. Mentionnons enfin les quatre elfes tour à tour évanescents et espiègles, parmi lesquels se distingue Allister Madin, récemment primé par l’AROP – sans négliger Marc Moreau, Fabien Révillion et Antonin Monié.


D’une partition à l’éclectisme assumé, et à quatre mains, sinon six, Koen Kessels et l’Orchestre Colonne livrent l’essentialité chorégraphique, sans s’appesantir sur sa subtilité – les tutti et les cuivres ne le démentiront pas. La fonction accompagnatrice de la musique ne fait pas de doute.



Gilles Charlassier

 

 

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