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Force de la nature Paris Salle Pleyel 12/01/2014 - Ludwig van Beethoven: Sonate pour piano n° 17, opus 31 n° 2 «La Tempête»
Robert Schumann: Etudes symphoniques, opus 13
Johannes Brahms: Klavierstücke, opus 76 n° 2 et n° 7 – Fantaisie, opus 116 n° 2 et n° 4 – Intermezzi, opus 117 n° 1 et n° 2 – Klavierstücke, opus 118 n° 1, n° 2, n° 3, n° 5 et n° 6 – Klavierstücke, opus 119 n° 1 et n° 2 – Ballade, opus 10 n° 1
Serge Rachmaninov: Sonate pour piano n° 1, opus 28 Valentina Lisitsa (piano)
V. Lisitsa (© Decca)
Portant une longue robe d’un rouge écarlate, Valentina Lisitsa met un terme à son récital à 23 heures après un programme gargantuesque et trois bis. Les doigts demeureront infaillibles durant toute la prestation. Menant une carrière internationale de moins en moins discrète, la pianiste ukrainienne n’a pas rempli la Salle Pleyel – le personnel invite les spectateurs disposant d’un billet de catégorie inférieure à s’asseoir au parterre – mais il se pourrait bien que les prochains récitals parisiens de cette belle et grande quadragénaire affichent complets grâce au bouche à oreille.
Valentina Lisitsa témoigne d’un instinct musical très sûr et de beaucoup de goût: ses interprétations n’attestent d’aucune audace particulière mais elles font sens. Elle livre ainsi une Dix-septième Sonate (1802) de Beethoven d’une mâle assurance mais pas exempte de délicatesse, à la fois rigoureusement proportionnée et constamment en mouvement, tandis que son interprétation de la Première Sonate (1907-1908) de Rachmaninov, qui mériterait de figurer en bonne place dans le répertoire des pianistes, sonne de façon grandiose et s’entoure d’une indéfinissable aura russe.
Cette nature généreuse se préoccupe davantage de l’expression et de la structure que des couleurs – une architecte plus qu’une coloriste. Les nombreuses pièces de Brahms, enchaînées sans interruption et à la suite desquelles elle débute la sonate de Rachmaninov sans permettre aux spectateurs d’applaudir, présente beaucoup de profondeur et suscite de l’émotion. Dans cette petite anthologie du piano brahmsien, Valentina Lisitsa demeure fidèle à une approche franche et sincère de la musique qu’elle joue sans lourdeur ni alanguissement. Dans les Etudes symphoniques (1834) de Schumann, en fin de première partie, la pianiste donne à l’adjectif du titre toute sa signification mais la force et l’ampleur de son interprétation restent dans la limite du raisonnable.
Les prochains et derniers récitals de Piano **** à la Salle Pleyel se tiendront le 12 décembre (Sunwook Kim dans des œuvres de Bach, Franck et Schumann) et le 16 décembre (Stephen Kovacevich dans Bach, Beethoven et Schubert) avant que la future Philharmonie n’héberge, dès le 19 janvier, les concerts de ce producteur.
Le site de Valentina Lisitsa
Sébastien Foucart
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