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Le Graal vocal

Paris
Opéra Bastille
02/15/2001 -  et 18, 21, 24, 27 février 2001
Richard Wagner : Parsifal
Thomas Hampson (Amfortas), Tom Krause (Titurel), Jan-Hendrik Rootering (Gurnemanz), Richard Paul Fink (Klingsor), Placido Domingo (Parsifal), Julia Juon (Kundry)
Orchestre et chœurs de l’Opéra National de Paris, James Conlon (direction)
Graham Vick (mise en scène)



Reprise d’une peu convaincante production de 1997, ce Parsifal évolue entre le kitsch (des anges avec armures et ailes multicolores) et le grotesque (Kundry représentée en débile mentale dans le premier acte) au milieu d’un omniprésent et étouffant hangar blanc. La mise en scène de l’anglais Graham Vick se bonifie d’autant moins qu’il ne vient même pas en assurer la reprise et confie ce soin à un subalterne. Résultat, le jeu d’acteur se délite, Julia Juon prend des poses forcées dans le deuxième acte, Placido Domingo reprend les gestes de ses précédentes incarnations (un moindre mal !). Mais cela on le savait et l’on pouvait donc en faire mentalement abstraction pour se concentrer sur la musique. On est par contre franchement déçu par la piètre prestation de James Conlon, que l’on avait pourtant apprécié dans Lohengrin. Trop rapide et trop soucieuse d’effets dynamiques, sa battue gomme tout mystère, toute sacralité. La « musique de la transformation » ouvrant la scène du Graal dans le premier acte est prise à un tempo de cavalerie totalement anachronique ; Jan-Hendrik Rootering doit avaler la fin de ses phrases au début du troisième acte et ses regards inquiétés vers la fosse restent sans réponse.


Heureusement, la distribution vocale offrait d’inépuisables richesses ! Celui dont le nom pourrait, comme au cinéma, figurer au-dessus du titre de l’œuvre – Placido Domingo – ne se repose pas sur sa notoriété et se donne sans compter dans un saisissant deuxième acte. Le timbre est superbe, la prononciation sans reproche, la puissance toujours présente. Déjà titulaire du rôle à Paris, l’imposant et endurant Jan-Hendrick Rootering confirme sa place parmi les meilleurs Gurnemanz actuels. La richesse de sa voix lui permet d’exprimer tous les sentiments traversant le fidèle chevalier, de la colère au doute, du désespoir à l’espérance. Faisant ses débuts à l’Opéra de Paris, l’américain Richard Paul Fink impressionne par l’insolence de sa santé vocale, son timbre très sombre dans un Klingsor brutal et d’un bloc. Son timbre trop uniforme et ses aigus trop durs desservent la Kundry de Julia Juon, mais son engagement lui permet d’assumer l’exigeant deuxième acte. Les filles-fleurs sont excellentes et l’on aura remarqué la très belle voix de Marie Devellereau. S’ils furent tous largement ovationnés, le public aura réservé ses applaudissements les plus nourris à Thomas Hampson. Incarnant Amfortas pour la première fois, il allie l’articulation, le contrôle et la finesse du chanteur de lieder à la puissance et à l’investissement dramatique du chanteur lyrique. La ductilité de sa voix semble sans limite et chaque mot, chaque phrase prennent vie intensément.



Diffusion sur France Musique le 10 mars à 18h




Philippe Herlin

 

 

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