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Deux concerts en un Paris Salle Pleyel 11/19/2014 - et 20 novembre 2014 Hector Berlioz : Benvenuto Cellini: Ouverture
Benjamin Britten : Symphonie concertante pour violoncelle et orchestre, opus 68
Robert Schumann : Symphonie n° 3 «Rheinische», opus 97 Gautier Capuçon (violoncelle)
Orchestre de Paris, David Zinman (direction)
G. Capuçon (© Gregory Batardon)
Un concert de l’Orchestre de Paris ? Plutôt deux, à vrai dire, tant la première partie diffère de la seconde. Hôte régulier – et apprécié - de la phalange parisienne depuis deux décennies, David Zinman, qui se signale toujours par l’originalité très pensée de ses interprétations, a montré ce soir-là un double visage.
L’Ouverture de Benvenuto Cellini déroute, à rebours de toute une tradition : pas de romantisme flamboyant, sacrifié à la rigueur formelle et rythmique, un souci constant de la clarté polyphonique, dans des tempos assez modérés, avec des sonorités moins rondes que vertes, parfois étranges. Le chef ne lâche jamais la bride, au risque de paraître sec.
Si ce Berlioz est atypique, la Symphonie concertante de Britten paraît atone et amorphe – pas l’œuvre la plus inspirée et la plus structurée du compositeur anglais, de toute façon. Zinman semble s’y perdre, laborieusement attaché à la lettre de la partition sans en débusquer l’esprit – une « symphonie », même concertante, reste quand même une affaire de chef... Il en eût fallu davantage pour arracher Gautier Capuçon à lui-même, non qu’on lui demandât de ressusciter le fantôme Rostropovitch, inspirateur, dédicataire et créateur de cet opus 68. Malgré la beauté profonde de la sonorité, l’impeccable tenue instrumentale, la musique ne s’envole pas : lecture trop intimiste pour l’œuvre, pas assez fantasque, pas assez picaresque.
Un de ces concerts vite oubliés ? En aucun cas : la Rhénane nous rend le Zinman qu’on connaît et qu’on aime, inventif et singulier. La direction frappe par l’art d’enchaîner les mouvements, par le travail sur les articulations à l’intérieur de chacun, par l’équilibre des plans sonores. La Symphonie, qui gagne en unité, ne perd rien de sa grandeur, mais s’exempte de toute emphase – pierre d’achoppement de certaines interprétations. D’un Lebhaft à l’autre, une arche se forme, se tend même, à travers un Scherzo d’une franchise populaire, un Nicht schnell bon enfant, un Feierlich plein de ferveur. Est-ce trop tenu parfois, avec des élans trop contrôlés ? Non, si l’on adhère à une vision aussi exigeante que cohérente.
Le concert en intégralité sur Arte Concert:
Le site de David Zinman
Le site de Gautier Capuçon
Didier van Moere
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