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Modernité années 1970 Paris Cité de la musique 11/18/2014 - et 19 novembre 2014 (Fribourg) Karl Amadeus Hartmann : Adagio (Symphonie n° 2)
Bruno Maderna : Austrahlung
Luigi Nono : Como una ola de fuerza y luz Laura Aikin (soprano), Gunhild Ott (flûte, flûte en sol, flûte basse), Alexander Ott (musette, hautbois, hautbois d’amour, cor anglais), Jean-Frédéric Neuburger (piano), André Richard (projection du son)
SWR Sinfonieorchester Baden-Baden und Freiburg, Ingo Metzmacher (direction)
(© Kai Bienert)
Le Festival d’automne met à l’honneur Luigi Nono. Rien d’étonnant si le programme réuni par Ingo Metzmacher à la Cité de la musique l’associait à ses amis Karl Amadeus Hartmann et Bruno Maderna deux autres représentants d’une certaine modernité d’après-guerre, volontiers liée au militantisme, souvent exaltée par les festivals de Donaueschingen ou de Darmstadt.
A Donaueschingen fut créée, par Hans Rosbaud, la Deuxième Symphonie de Hartmann, à l’origine l’Adagio de la Suite «Vita nova», elle-même partie des Sinfoniae dramaticae, un ambitieux triptyque resté inachevé. Cette page de 1943, en forme d’arche, un drame en miniature avec un impressionnant climax, trouve en Ingo Metzmacher, grand chef de théâtre, l’interprète idéal ; mais la direction reste, comme toujours chez lui, fluide, sans excès dans l’expressionnisme, avec des jeux de timbre particulièrement soulignés.
Ausstrahlung de Bruno Maderna porte bien la marque de son époque : association de la voix, parlée ou chantée, traitée de façon très « moderne », démultipliée par la bande magnétique, et de l’orchestre – avec flûte et hautbois solistes. Les textes, indiens ou perses, évoquent notamment la création du monde. Si l’on peut retrouver ici le lyrisme flamboyant du compositeur italien, l’œuvre semble parfois répétitive et un peu longue, malgré tout le talent des artistes, en particulier la merveilleuse Laura Aikin, qu’on a souvent admirée en Lulu, infatigable défenseur de la musique du vingtième siècle. Le chef allemand peine à lui conférer une unité, une continuité, une tension. Mais on ne peut s’empêcher d’imaginer la création en 1971, à Persépolis, pour le deux-mille-cinq-centième anniversaire de la mort de Cyrus le Grand…
Si Come una ola de fuerza y luz de Nono, créé un an plus tard, n’est pas moins marqué par son temps, on y sent plus de puissance, plus de cohérence, avec des déflagrations d’une violence quasi apocalyptique – que les créateurs Claudio Abbado et Maurizio Pollini portaient jusqu’à l’incandescence. La bande magnétique a aussi plus d’éloquence que chez Maderna. Bref, la partition, hommage au militant Luciano Cruz et au Mouvement de la gauche révolutionnaire chilien, composée sur un texte du journaliste et poète argentin Julio Huasi, a mieux traversé les décennies ; sa durée, pourtant identique, semble plus brève. Les interprètes, notamment un Jean-Frédéric Neuburger creusant les graves sombres de son clavier, y déploient une énergie, une flamme, un sens de la théâtralité qui en font un drame, voire une épopée de la révolte et du combat.
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Didier van Moere
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