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De la radio à la scène

Limoges
Opéra-Théâtre
11/11/2014 -  et 13 novembre 2014
«L’Affaire Tailleferre»
Germaine Tailleferre: Du style galant au style méchant

Magali Arnault-Stanczak (Pouponne, Euphrasie, Titine, Héloïse), Kimy McLaren (Clémentine, Eugénie), Antoinette Dennefeld (Paula, La mère, Cunégonde), Jean-Michel Richer (Mistouflet, Adelestan), Aaron Ferguson (Le Merlan, Petit Jacques, Mme Phémie, Oreste), Henri Pauliat (Le bottier, Le notaire), Dominique Coté (L’inspecteur, Alphonse, Gégène, M. Petitpois), Luc Bertin-Hugault (Le père, Le baron, Le patron, Le duc), Matthias Foin-Dannreuther (Le chroniqueur judiciaire), Maloue Fourdrinier (La juge)
Guillaume Barre, Damien Bougas, Alicia Cabrero, Florent Cardinale, Jean-Gabriel Evrard, Africa Manso, Nans Martin, Raquel Salamanca (danseurs)
Orchestre de Limoges et du Limousin, Christophe Rousset (direction musicale)
Marie-Eve Signeyrole (mise en scène, costumes, textes additionnels), Fabien Teigné (scénographie), Julie Compans (chorégraphie), Philippe Berthomé (lumières)


(© Thierry Laporte)


Conçue pour l’ORTF à l’instigation de Jean Tardieu, la tétralogie de quatre mini-opéras de Germaine Tailleferre, Du style galant au style méchant, offre un délicieux pastiche parodique, et ce n’est pas un mauvais choix de l’Education nationale de le donner à l’étude des bacheliers en musique pour les sessions de 2017 et 2018. La série défile en un savoureux condensé l’histoire lyrique française des dix-huitième et dix-neuvième siècles: La Fille d’Opéra relie Rameau et Gluck, Le Bel Ambitieux se place sous l’enseigne de l’opéra-comique romantique, La Pauvre Eugénie rallie la cause réaliste de Charpentier mâtinée d’échos de Massenet et de sa Manon en particulier, quand Monsieur Petitpois achète un château plonge sans équivoque dans la fantaisie offenbachienne.


Si le format originel a longtemps tenu l’objet à distance des plateaux, l’Opéra-Théâtre de Limoges avait déjà relevé la gageure en 2009 avec une modeste production, assurée entre autres par les chœurs. Celle confiée aujourd’hui à Eve-Marie Signeyrole, qui s’affirme comme l’une des valeurs de la génération montante, prend résolument le parti de la réalisation théâtrale. Ce qui ne va pas sans un travail de réécriture, étoffant un livret très elliptique. Au cœur d’un dispositif unique noir, sorte de tribunal rotatif dessiné par Fabien Teigné, se jugent les quatre intrigues labiles, avec les jurés levant leurs pancartes pour leur verdict comme dans quelque télé-crochet, quitte à manifester bruyamment leur désaccord à la magistrate suprême. L’ensemble respire un surréalisme aussi délicieux que pétillant: la solution retenue s’avère en effet la plus à même de rendre crédibles situations et caractères, parfois cousus de fil blanc, par-delà la relative redondance d’un procédé assurant la cohérence d’un spectacle gorgé de jeux de mots. Sa dimension ludique se retrouve dans les chorégraphies volontiers parodiques de Julie Compans.


Les solistes s’y livrent avec un plaisir communicatif. Magali Arnault-Stanczak donne toute la mesure de son soprano léger délicatement fruité dans Pouponne, courtisane malmenée par les jalousies, et distille son sourire touchant sur Euphrasie, Titine, tandis qu’elle rayonne de virtuosité en Héloïse. Kimy McLaren ne manque pas de caractère en Clémentine et Eugénie. Antoinette Dennefeld passe de manière convaincante de Paula, à la Mère et Cunégonde, tandis que Jean-Michel Richer, régalant de veulerie malheureuse en Mistouflet au temps des perruques blanches et de la Bastille, réjouit tout autant dans la bouffonnerie d’Adelestan. Dans ce registre, Aaron Ferguson se montre sans égal, Merlan impitoyable, Petit Jacques, Oreste et Mme Phémie, maquerelle en porte-jarretelles et talons aiguilles. Inspecteur, Alphonse, Gégène et Petitpois, Dominique Coté ne démontre pas moins de versatilité, de même que le solide Luc Bertin-Hugault, de la fermeté du Père, au Baron, Patron et Duc. Nul reproche à l’encontre d’Henri Pauliat, Bottier et Notaire. Pivot de la soirée, Matthias Foin-Dannreuther concocte un numéro de Chroniqueur judiciaire déjanté, à l’accent d’époque plus vrai que nature. Quant à Maloue Fourdrinier, Juge en sustentation aux froufrous extravagants, son hystérie aux envolées stratosphériques possède tout le sel qu’il convient.


Troquant ses Talens lyriques pour l’Orchestre de Limoges et du Limousin, Christophe Rousset impulse une vitalité au diapason de ce pastiche qui n’est pas que potache. Il ne reste qu’à souhaiter que l’initiative de la maison limougeaude ne s’enterre pas dans la gravure vidéographique, et suscite les intentions coproductrices.



Gilles Charlassier

 

 

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