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Voyage au pays des tutus Paris Bobino 10/10/2014 - et 11, 14, 15, 16, 17, 18, 19, 21, 22*, 23, 24, 25, 26, 28, 29, 30, 31 octobre, 1er, 4, 5, 6, 7, 8, 11, 12, 13, 14, 15, 18, 19, 20, 21, 22, 25, 26, 27, 28, 29 novembre, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 9, 10, 11, 12, 13, 16, 17, 18 ; 19, 20, 23, 24, 25, 26, 27, 29, 30, 31 décembre 2014 Philippe Lafeuille : Tutu Compagnie Les Chicos Mambo: Loïc Consalvo, Anthony Couroyer, Mikael Fau, Pierre Emmanuel Langry, Julien Mercier, Alexis Ochin
Corinne Petitpierre (costumes), Dominique Mabileau (lumières)
(© Michel Cavalca)
Quel est le spectacle idéal? Celui qui, commençant à 19 heures, vous laisse, distrait, amusé, détendu, 75 minutes plus tard libre pour un dîner entre amis, en famille, en tête-à-tête, ou laisse le loisir à ceux qui habitent loin de rentrer chez eux sans précipitation. C’est le cas de Tutu, le nouveau spectacle des Chicos Mambo, la compagnie de Philippe Lafeuille, qui vient fêter ses vingt ans cet automne à Paris sur la scène mythique de Bobino. Que de souvenirs se bousculent en entrant dans ce théâtre magnifiquement rénové: Barbara, Gréco, Brassens...! Toutefois, avec Tutu, l’heure n’est pas à la nostalgie mais vraiment à la distraction. Disons d’emblée notre seule réserve à ce joli spectacle de comédie autour de la danse dans toutes ses formes actuelles et passées: le timing n’en est pas parfait. On passe d’un style à l’autre sans transition évidente et autant dans son début qu’à sa fin, quelques longueurs pourraient être évitées. Sinon quelle belle promenade dans le monde de la danse! Que l’on ait ou pas les clefs des genres que ces six danseurs, tous très différents de physique et de formation, parodient avec éclat et beaucoup de virtuosité, on ne peut que s’amuser devant un tel voyage au pays des tutus.
Les grands classiques du ballet, c’est sûr, cassent la baraque, avec un Pas de deux de La Belle au bois dormant avec ses portés hystériques et ses équilibres truqués ou le Quatuor des petits cygnes du Lac tout en piaillements hip-hop sont irrésistibles. Mais la danse contemporaine aussi en prend pour son grade et les grandes robes du soir satinées, les perruques et les phrases absurdes lancées à la cantonade dans toutes les langues possibles par les immenses danseuses pinabauschiennes sont une cruelle satire d’un art devenu système et qui la mérite bien... La danse de salon est croquée dans une impitoyable parodie de «Danse avec les stars». Et avec le réveil du Sacre du printemps dansé par des garçons débiles, on frise les limites de l’humour noir. Pas de décor mais une fantaisie dans les costumes en tient lieu. Ce spectacle s’est installé rue de la Gaîté pour la saison et même jusqu’aux fêtes. Qu’on se le dise!
Olivier Brunel
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