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Charpentier à l’église

Tourcoing
Eglise Saint-Christophe
10/10/2014 -  et 12* octobre 2014
Marc-Antoine Charpentier : David et Jonathas, H. 490
Pascal Charbonneau (David), Renaud Delaigue (Saül), Amel Brahim-Djeloul (Jonathas), Hugues Primard (Joabel), Geoffroy Buffière (L’Ombre de Samuel, Achis), Dominique Visse (Une Pythonisse)
Ensemble vocal, La Grande Ecurie et la Chambre du Roy, Dominique Visse (direction musicale)


D. Visse


La plus ancienne formation «baroqueuse» en activité de France a posé l’ancre à Tourcoing, voici bientôt cinquante ans, et c’est avec le répertoire français que La Grande Ecurie et la Chambre du Roy ouvre sa saison en l’église Saint-Christophe. Si le David et Jonathas de Charpentier a bien l’allure et le genre d’une tragédie lyrique – et la scène l’a récemment traité comme tel au festival d’Aix-en-Provence et à l’Opéra Comique dans la production d’Andreas Homoki – son sujet emprunté à la Bible le destine tout aussi valablement au concert dans un lieu cultuel.


Comme à Aix et Paris au demeurant, on retrouve dans le premier des rôles-titres, celui du roi d’Israël, Pascal Charbonneau. Passablement hors propos dans le récent Castor et Pollux dijonnais – et lillois –, le soliste canadien, avec sa voix qui l’apparente au haute-contre à la française, correspond aux attendus du caractère. Serrée là-bas chez Rameau, l’émission, sévèrement canalisée, fait ici vibrer les mélismes et l’émouvante retenue du personnage avec une remarquable justesse. En Jonathas, Amel Brahim-Djelloul distille une fraîcheur aux confins de la séduction, et ne dédaigne pas dans cette juvénilité laisser poindre un soupçon de tendresse presque féminine. Le contraste s’opère naturellement avec les parties confiées aux adversaires et comploteurs du couple d’amis. L’aplomb de Saül s’affirme évidemment avec Renaud Delaigue, quand bien même le timbre accuse une certaine fatigue. La ligne ne se maintient pas avec la même constance que l’autorité et la soif de vengeance. Le théâtre se montre davantage à égalité avec la vocalité dans le Joabel incisif d’Hugues Primard, réservant des interventions nourries de nervosité. On appréciera aussi l’impact de l’Ombre de Samuel confiée à Geoffroy Buffière, que l’on entend également dans les parties dévolues à Achis.


Version de concert ne signifie pas réduction momifiée de la musique à sa vérité harmonique, et informée par une légitime sobriété, l’utilisation du modeste espace laissé à l’aménagement scénographique tire partie de la configuration des lieux, ménageant entrées et sorties au fil de l’ouvrage, avec une pertinence qui pallie l’abstraction visuelle grâce à un éclairage attentif du texte, lequel se trouve mis en valeur par une diction presqu’irréprochable. Et c’est, au-delà des contingences, cette logique-là qui fait descendre Dominique Visse du podium pour le livrer à la Pythonisse – le volume est un souvenir, mais le sens du style intact. Grande figure du contre-ténor de caractère, il s’essaie avec un certain succès à la direction musicale, privilégiant d’ailleurs une approche collégiale – à l’instar de ce que les effectifs plus réduits de l’époque pouvaient autoriser. On reconnaîtra les saveurs de la phalange de Jean-Claude Malgoire et saluera l’admirable travail des chœurs. Une belle ouverture de saison à Tourcoing.



Gilles Charlassier

 

 

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