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Un Rameau méconnu

Liège
Opéra royal de Wallonie
10/12/2014 -  et 14 octobre 2014 (Versailles)
Jean-Philippe Rameau: Le Temple de la Gloire (version de 1746)
Judith van Wanroij (Lidie, Plautine), Katia Velletaz (Une bergère, Une bacchante, Junie), Chantal Santon-Jeffery (Arsine, Erigone, La Gloire), Mathias Vidal (Apollon, Bacchus, Trajan), Alain Buet (L’Envie, Bélus, Le Grand-Prêtre de la Gloire)
Chœur de chambre de Namur, Les Agrémens, Guy Van Waas (direction)


G. Van Waas (© Jacques Verrees)


Alors que la Monnaie et Opera Vlaanderen ignorent Rameau, l’Opéra royal de Wallonie commémore la disparition du compositeur, survenue il y a deux cent cinquante ans : sa musique résonne tout de même un peu en Belgique cette année. Le théâtre liégeois s’associe avec le Centre de musique baroque de Versailles et le Centre d’art vocal et de musique ancienne pour monter la version du Temple de la Gloire créée en 1746 à l’Académie royale de musique de Paris et jamais rejouée depuis lors. La Cour de Versailles a accueilli les premières représentations l’année précédente mais l’ouvrage a rencontré peu de succès lors de sa reprise dans la capitale quelque temps après, raison pour laquelle Rameau et Voltaire le remanièrent considérablement.


Comme ce livret allégorique comporte relativement peu de substance théâtrale, une version de concert constitue probablement la meilleure manière, du moins dans un premier temps, de défendre cet ouvrage de circonstance, conçu afin de célébrer les succès militaires de Louis XV. La musique ne déçoit pas : d’une qualité d’inspiration presque constamment élevée, elle progresse avec vitalité et sans baisse de régime deux heures durant et comporte quantité d’airs, de duos et d’ensembles tout à fait stimulants. Décidément, même avec un texte peu intéressant, Rameau témoigne d’un instinct théâtral infaillible. Recherchée et souvent surprenante, l’orchestration, qui nécessite le recourt à une musette, sollicite les bois, les cuivres et les percussions dans une large mesure.


Même s’il a parfois la main un peu lourde, alors que la musique appelle de temps en temps davantage de subtilité et de raffinement, Guy Van Waas relance constamment le discours. Les Agrémens affiche beaucoup d’éloquence, en particuliers les instruments à vent qui sonnent dans l’ensemble assez justes. Les approximations relèvent probablement moins de l’impréparation des musiciens que de la nature rétive des instruments. Le Chœur de chambre de Namur se montre quant à lui tout à fait fiable : de l’ampleur, de la cohésion, de la puissance, des nuances. Placée pour au moins encore quatre ans sous la direction artistique de Leonardo García Alarcón, la formation namuroise tient son rang.


La production ne prévoit pas de sous-titres mais la prononciation de la langue française ne pose pas de difficulté aux cinq chanteurs distribués dans les multiples rôles. S’il possède un timbre accrocheur, Mathias Vidal frôle plus d’une fois le cabotinage, alors que la prestation tout aussi expressive d’Alain Buet présente plus de style. Les dames livrent quant à elles une prestation de qualité égale, encore que Chantal Santon-Jeffery témoigne d’un tempérament théâtral plus affirmé que Judith van Wanroij et Katia Velletaz, qui possèdent en revanche une voix aussi attrayante l’une que l’autre. Les chanteurs méritaient donc de bénéficier également d’une biographie dans le programme qui prend néanmoins la peine de présenter le chef, le chœur et l’orchestre. Un enregistrement à paraitre chez Ricercar permettra de revivre ce concert qui a malheureusement attiré moins de monde que d’habitude.


Le site du Centre d’art vocal et de musique ancienne
Le site du Centre de musique baroque de Versailles



Sébastien Foucart

 

 

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