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A bon entendeurs, musique non formatée

Vienna
Theater in der Josefstadt
10/04/2014 -  et 5 octobre 2014
Ludwig van Beethoven: Die Weihe des Hauses, opus 124 – Marche triomphale pour «Tarpeja», WoO 2a – Symphonie n°8, opus 93 – Egmont, opus 84 (avec textes de Franz Grillparzer)
Bernarda Bobro (soprano), Herbert Föttinger (récitant)
Orchester Wiener Akademie, Martin Haselböck (direction)


M. Haselböck (© Meinrad Hofer)


Vienne est une ville formidable pour tout musicien passionné par les grands compositeurs de l’époque classique et romantique; prenez sous le bras une biographie des époux Massin sur Mozart, Beethoven ou Schubert, et promenez-vous dans les rues de la capitale autrichienne. Il est facile de subitement se sentir transporté quelques siècles en arrière.


Ce n’est rien moins que l’ambition annoncée de cette série de concerts «Re-Sound Beethoven» par Martin Haselböck et son Orchestre de l’Académie de Vienne: rejouer sur instruments d’époque les œuvres symphoniques de Beethoven sur leurs lieux originels. Pour être tout à fait précis, les salles choisies ne correspondent pas littéralement à ceux de la création de chacune des neuf Symphonies – toutes incidemment créées dans la ville de Vienne –, mais plus souplement à ceux de quelques-unes des œuvres au programme.


Dans cette soirée d’inauguration du cycle, l’Ouverture La Consécration de la maison était donc à nouveau représentée dans l’enceinte du théâtre de la Josefstadt; il s’agit de l’endroit exact où, 192 années et 1 jour plus tôt, Beethoven dirigeait l’œuvre à l’occasion de la réouverture du théâtre. Au-delà de l’intérêt historique et psychologique de l’expérience, c’est dans les faits un authentique choc que d’entendre l’orchestre de Beethoven mis à nu, dans une acoustique de théâtre et avec des musiciens en effectif réduit refusant toute forme de vibrato. L’équilibre entre cordes et vents est profondément altéré (au désavantage de ces derniers), et la musique gagne en projection tridimensionnelle. Il ne faut pas chercher trop de poésie et de mystique dans l’interprétation de l’ensemble viennois, mais plutôt ressentir l’impact viscéral et pulsant de la musique de Beethoven; même les cordes en prennent un air d’instruments percussifs.


Les tempi vifs et sans compromis de Martin Haselböck lui jouent parfois des tours: dans la symphonie, le Tempo di Menuetto à des allures de scherzo qui laissent assez peu de chance au violoncelle solo mais fonctionnent à merveille dans le dernier mouvement. Cette manière de relancer l’orchestre après le surprenant do dièse fortissimo, et cette différenciation des voix dans le fugato sont simplement d’une éblouissante logique.


La seconde partie proposait une version de la musique de scène d’Egmont sur des textes de Franz Grillparzer. Voilà une pièce qui, en dehors de l’Ouverture, est habituellement peu passionnante au disque mais qui se révèle pleinement lors du concert de ce soir. L’engagement mêlé d’humour du charismatique récitant Herbert Föttinger y est certes pour beaucoup, mais c’est aussi la parfaite adéquation entre l’orchestre et les voix qui éblouit. Les timbres et les volumes des instruments étant plus proches de la voix humaine, la balance est idéale et la proximité de la scène avec les spectateurs nous plonge à tout instant dans le drame. La soprano Bernarda Borbro s’acquitte avec fraîcheur et simplicité des courtes interventions chantées.


En bonus étaient proposés une courte marche aux airs italianisants pour la tragédie Tarpeja de Christoph Kuffner, puis un menuet en bis, Gratulations-Menuett (Tempo di Menuetto quasi Allegretto, WoO 3). Il faut savoir que ce menuet avait été joué à l’époque dans la rue, en face du théâtre, afin de remercier son directeur. Même si ces petites œuvres sont mineures, elles n’en apportent pas moins un éclairage utile à l’approfondissement du langage beethovénien et nous aident à replonger les chefs-d’œuvre dans leur contexte.


Ce cycle original de concerts s’annonce comme un des moments-phares de la saison musicale viennoise et semble sur la voie de tenir la promesse de faire redécouvrir le grand compositeur. Le prochain concert aura lieu le 7 décembre, au Palais Niederösterreich.


La page de «Beethoven Re-Sound»



Dimitri Finker

 

 

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