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Le poète Widmann

Paris
Salle Pleyel
09/21/2014 -  et 8 septembre 2014 (London)
Johannes Brahms : Ouverture tragique, opus 81 – Symphonie n° 2 en ré majeur, opus 73
Jörg Widmann : Teufel Amor (création française)

The Cleveland Orchestra, Franz Welser-Möst (direction)


F. Welser-Möst (© Roger Mastroianni)


En 1893, Johannes Brahms (1833-1897) séjourna, de façon assez étonnante, à Messine, au chevet d’un de ses amis, le poète Widmann. Le concert de ce soir, le second de la tournée française de l’Orchestre de Cleveland, rapprocha Brahms d’un autre Widmann, contemporain celui-là, virtuose de la clarinette et compositeur aussi éclectique que brillant: Jörg (né en 1973). En effet, Franz Welser-Möst proposa avec son orchestre, qu’il dirige depuis treize ans, l’Ouverture tragique (1880) et la Deuxième Symphonie (1877) du compositeur hambourgeois mais entrecoupés d’une pièce du jeune compositeur allemand, écrite en 2009 et révisée en 2011, d’un peu moins d’une demi-heure, et inspirée d’un poème de Friedrich von Schiller, Teufel Amor. Tout l’intérêt du concert était là, dans sa création française.


L’Ouverture confirma les qualités orchestrales du concert de la veille mais aussi la sécheresse, voire la distance de la direction de Franz Welser-Möst. Tout était à vrai dire impeccable, tant la cohérence orchestrale que les réalisations individuelles des différents pupitres. Mais il y eut plus d’énergie que de tragique même si le mot n’est pas à prendre au pied de la lettre et si le mystère n’était pas absent de cette lecture à la fois ciselée et dénuée de toute emphase. L’interprétation de la Deuxième Symphonie provoqua un peu les mêmes sentiments. Il s’est agi d’une exécution d’une parfaite clarté, majestueuse autant que méticuleuse, mais exempte de toute passion. Sous le geste ample du chef autrichien, l’œuvre s’écoula sous le signe d’une belle unité, n’étaient les applaudissements intempestifs d’un public peu nombreux après les deux premiers mouvements. Le troisième fut aussi léger que possible, virtuose, brillant, mais au bout du compte presque ennuyeux. Il fallut ainsi attendre l’Allegro con spirito final pour éprouver quelque intérêt et s’éveiller.


Restait le souvenir de la pièce de Widmann, évoquant une peu naïvement les «merveilles de l’amour», célébrées par Schiller. Débutant par le ronflement extraordinaire d’une clarinette contrebasse, se jaugeant avec un trombone, l’œuvre rappelant par moment Alban Berg, voire sur la fin Gustav Mahler, est une sorte de poème symphonique mais surtout une vague emportant tout, passionnante de bout en bout. Emergeant des graves, de vastes plaines sombres, marquées par des clarinettes exceptionnelles, rappelant le goût de Widmann pour leurs potentialités – comme Brahms finalement –, les violons n’interviennent que tardivement, avec de minces coups d’archet et dans des registres aigus. L’écriture se fait, dans un foisonnement orchestral somptueux, toujours plus complexe jusqu’aux pirouettes finales, puissantes et cinglantes avec des percussions déchaînées (gongs), et presque trop démonstratives. Dans ces pages d’une intense richesse sonore, on ne pouvait qu’être impressionné par la maîtrise instrumentale de l’orchestre américain et la science orchestrale du poète Widmann.


Le site de Jörg Widmann



Stéphane Guy

 

 

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