About us / Contact

The Classical Music Network

Paris

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

Presqu’au jour près...

Paris
Oratoire du Louvre
09/17/2014 -  et 18 septembre 2014
«Le service funèbre de Jean-Philippe Rameau»
Jean Gilles : Messe des morts (version Paris 1764)
Hommages à Rameau

Judith van Wanroij (dessus), Robert Getchell (haute-contre), Fernando Guimarães (taille), Lisandro Abadie (basse)
Collegium Vocale Gent, Capriccio Stravagante Les 24 Violons, Skip Sempé (direction)


S. Sempé (© Marco Borggreve)


«Du jeudi 13 sept. 1764. Jean-Philippe Rameau, âgé de quatre-vingt-six ans, compositeur de la musique du Roy et pensionnaire de Sa Maj. et de l’Académie Royale de musique, décédé hier au soir, rue des Bons enfans, a été inhumé dans notre église, en présence de Claude-François Rameau, écuyer, valet de chambre du Roy, son fils, et de Edme-Charles Le François de Villeneuve, pensionnaire du Roy». Bien que détruit lors des grands incendies de la Commune en 1871, l’acte de décès de Jean-Philippe Rameau a heureusement été transcrit et reproduit pour la première fois par un certain Auguste Jal dans son Dictionnaire critique de biographie et d’histoire (1876). Rameau est donc décédé; pour sa part, la Gazette de France se fait l’écho de cette nouvelle dès le lundi 17 septembre 1764. Et c’est donc en l’église de l’Oratoire du Louvre qu’eut lieu, le 27 septembre, un service funèbre en l’honneur du grand homme à l’occasion duquel fut jouée la Messe des morts de Jean Gilles (1668-1705) ainsi que plusieurs extraits d’œuvres de Rameau, notamment Castor et Pollux et Dardanus (le tout ayant vraisemblablement été organisé par Rebel et Francœur autour du Concert Spirituel).


A quelques jours près, c’est donc ce même concert que Skip Sempé et son équipe nous ont permis d’entendre, 250 ans après la disparition du plus grand compositeur français du XVIIIe siècle. Dès l’«Introit» inauguré par les timbales, l’atmosphère instaurée dans l’Oratoire du Louvre est magnifique: l’entrée successive des voix, la souplesse des cordes sous la direction extrêmement élégante de Skip Sempé, qui ménage parfaitement ces soudaines accélérations emplies de joie, l’acoustique qui bénéficie d’une légère réverbération, tout est idéal. Bouleversant Kyrie ensuite, bien que durant moins de 5 minutes, grâce à des couleurs très sombres parfaitement rendues, Skip Sempé prenant le temps exigé par la partition (les légères pauses à la fin, permettant au silence de prendre toute sa place aux côtés de la mélodie) avant d’enchaîner avec un «Gravement» extrait de Dardanus. Le «Graduel I» permet ensuite au public d’apprécier la très belle voix de la basse Lisandro Abadie, le haute-contre Robert Getchell enchaînant ensuite un tout aussi poignant «Graduel II» lancé par un incroyable «Quemadmodum» dont la résonance instilla un climat extatique que seules les cordes vinrent rompre de la plus belle manière. Les quatre solistes entamèrent ensuite en canon l’«Offertoire», conduit là encore par une direction extrêmement attentive de la part de Skip Sempé, qui offrit un équilibre idéal entre les voix et l’orchestre, entre les solistes et le chœur. Là encore, que de trouvailles mélodiques: l’écho des flûtes au «Libera», chanté cette fois-ci par la basse, fut du plus bel effet, Skip Sempé veillant de nouveau à ne rien presser, les imperceptibles moments de silence permettant aux spectateurs de mieux apprécier encore la prestation musicale. Après une incursion chez Castor et Pollux (célèbre extrait confié aux bassons et cordes et, surtout, au hautbois superlatif de Jasu Moisio), on put entendre le passage qui, musicalement parlant, est peut-être le plus anachronique de cette soirée avec une «Elévation» chantée par Judith van Wanroij digne d’un air de concert de Mozart, avec force cordes trépidantes et grâce vocale! Dans la «Communion» conclusive, Skip Sempé s’appuie une nouvelle fois sur l’irréprochable Collegium Vocale de Gand avant de terminer l’œuvre sur deux nouveaux extraits orchestraux de Rameau, respectivement tirés de Dardanus et Zoroastre.


Salués par un public enthousiaste, les différents protagonistes de la soirée nous offrirent là le plus bel hommage que l’on pouvait souhaiter pour célébrer le deux-cent-cinquantième anniversaire de la disparition de Rameau. Skip Sempé dirigea ensuite, en guise de bis, la conclusion de Jephté (1649) de Giacomo Carissimi, permettant de nouveau aux instrumentistes et au chœur de briller dans le superbe Oratoire du Louvre: décidément, la soirée, véritablement bouleversante, était passée bien trop rapidement.


Le site de Skip Sempé
Le site de Judith van Wanroij
Le site de Robert Getchell
Le site de Fernando Guimarães
Le site de Lisandro Abadie
Le site du Capriccio Stravangante
Le site du Collegium Vocale de Gand



Sébastien Gauthier

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com