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Un Beethoven théâtral

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
09/11/2014 -  et 10 (Bonn), 21 (Birmingham) septembre 2014
Ludwig van Beethoven : Symphonies n° 8, opus 93, et n° 9, opus 125
Anna Gabler (soprano), Lioba Braun (mezzo), Toby Spence (ténor), Vuyani Mlinde (basse)
City of Birmingham Symphony Orchestra Chorus, David Lawrence (chef de chœur),
City of Birmingham Symphony Orchestra, Andris Nelsons (direction)


A. Nelsons (© Neil Pugh)


Pour sa rentrée musicale inaugurant une saison parisienne bouleversée par la fermeture de la Salle Pleyel, l’ouverture (en principe le 1er janvier 2015) de la Philharmonie de Paris et le transfert de certains concerts du National à l’Auditorium flambant neuf de Radio France, le Théâtre des Champs-Elysées affiche d’emblée la couleur en conviant dès les premiers jours de septembre une formation célèbre pour avoir eu comme directeur musical Simon Rattle. Aujourd’hui, l’Orchestre symphonique de Birmingham est dirigé par un autre as de la baguette en la personne du jeune chef (né en 1978) letton Andris Nelsons, dont le nom est d’ailleurs avancé par certains pour succéder à son aîné à la tête de l’Orchestre philharmonique de Berlin en 2018. Déjà en charge de la phalange anglaise, Nelsons est également, depuis cette rentrée 2014, directeur musical du Symphonique de Boston, sans compter qu’il a été choisi dès l’édition 2014 pour succéder à Claudio Abbado à la tête de l’Orchestre du festival de Lucerne durant la manifestation (voir ici).


Notre homme est donc un chef pressé. Et c’est pourtant de façon très mesurée qu’il engage l’orchestre dans le premier mouvement de la Huitième Symphonie de Beethoven, où l’on aura bien du mal à retrouver un quelconque Allegro vivace e con brio. Alors qu’on a déjà pu l’entendre dans des œuvres où l’énergie était parfois d’ailleurs un tant soit peu trop débordante, on s’étonne là de la véritable apathie qui s’instaure. En dépit d’une direction assez (naturellement) grandiloquente, l’orchestre joue ce mouvement beaucoup trop sagement, perdant en contrastes ce qu’il gagne en ennui; tout est étale et les interventions des différents instruments ne surnagent guère les unes par rapport aux autres (les cors ont notamment été totalement inaudibles depuis le parterre). Il en ira de même du deuxième mouvement, qui ne suscite guère d’intérêt, la gestique volontiers cabotine de Nelsons ne trouvant aucun répondant en face de lui, la partition étant jouée de façon là encore beaucoup trop pesante. Il faudra attendre les deux autres mouvements, et notamment le Finale (Allegro vivace), pour que l’on trouve enfin du charme à cette très belle symphonie. Le chef nous emporte mais il aura fallu patienter! C’est pourtant un public enthousiaste – malgré un nombre de places vides assez conséquent – qui salue le colosse letton au visage juvénile et rieur en conclusion de cette première partie.


La seconde partie du concert était quant à elle consacrée à la Neuvième symphonie (1824) de Beethoven. Ici encore, l’impression sera plutôt positive mais globalement mitigée, l’interprétation gagnant sans conteste en qualité au fil de l’œuvre. Le premier mouvement (Allegro ma non troppo, un poco maestoso) souffre ainsi d’un manque de vision qui contribue à l’appréhender de manière trop séquentielle: les phrases se succèdent les unes aux autres, avec au surplus de vraies baisses de tension, sans que l’on ressente à aucun moment l’unité du mouvement. Le deuxième semblait mieux parti mais l’impression finale est ici aussi assez peu convaincante; Andris Nelsons dirige avec un sens du spectaculaire assez inapproprié et inutile (les coups de timbales) et, en dépit de son engagement physique personnel, le résultat n’est pas à la hauteur de ce que l’on était en droit d’attendre.


Avec l’Adagio e molto cantabile, en revanche, tout change. D’un seul coup, dès l’introduction du basson relayé par la clarinette puis l’intervention des cordes, l’atmosphère est différente. L’orchestre bénéficie de couleurs qui lui avaient fait défaut jusque-là, Nelsons sculptant par ses bras – sa baguette rejoignant le pupitre où était déjà posée la partition – des mélodies qui s’avérèrent totalement magiques. Certes, on aurait pu souhaiter peut-être davantage d’ampleur dans l’orchestre mais le résultat n’en fut pas moins excellent. Il en fut de même pour les deux autres mouvements, le Chœur de l’Orchestre symphonique de la ville de Birmingham se montrant notamment tout à fait à la hauteur de la célèbre page chorale. Si le quatuor de solistes fut décevant – en fin de compte, c’est sans doute Anna Gabler, remplaçant Annette Dasch souffrante, qui fut la meilleure –, la conclusion n’en fut pas moins triomphale comme il se devait, Andris Nelsons recueillant de vifs applaudissements tant de la part du public que de son orchestre.


Notons dès à présent que le chef et l’orchestre retrouveront la scène de l’avenue Montaigne le 1er juin prochain dans un programme associant Wagner à Dvorák: un rendez-vous à retenir.


Le site de l’Orchestre symphonique de la ville de Birmingham
Le site d’Andris Nelsons
Le site de Lioba Braun



Sébastien Gauthier

 

 

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