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Ruptures de ban

Paris
Salle Pleyel
09/10/2014 -  et 11 septembre 2014
Johannes Brahms : Concerto pour violon en ré majeur, opus 77
Albert Roussel : Symphonie n° 3 en sol mineur, opus 42
Maurice Ravel : La Valse

Maxim Vengerov (violon)
Orchestre de Paris, Paavo Järvi (direction)


M. Vengerov (© Benjamin Ealovega)


Décembre 1967 : Charles Munch dirige le tout jeune Orchestre de Paris dans le Concerto pour violon de Brahms, joué par Zino Francescatti, La Mer de Debussy et Bacchus et Ariane de Roussel. Septembre 2014 : Paavo Järvi ouvre la saison avec le même Concerto, la Troisième Symphonie de Roussel et La Valse de Ravel. Un programme à la Munch.


Le parallèle s’arrête là : le chef estonien tourne le dos à une certaine tradition d’interprétation à la française. La Symphonie de Roussel a, dès l’Allegro vivo, une grandeur carrée et abrupte, la musique avance implacablement, la direction privilégiant le rythme et la motorique. Le mouvement lent ne constituera qu’un répit, avec un Più mosso fugué très narquois en guise de partie centrale. On finit par se dire, avec le Scherzo et le Final, que ce Roussel, parfois secoué de violences éruptives, a quelque chose de grinçant plus que de facétieux, qui fait penser à Chostakovitch. C’est inattendu, atypique, mais intéressant et brillamment assumé grâce une baguette d’une précision chirurgicale et à un orchestre virtuose. Rien d’étonnant si, ensuite, La Valse de Ravel, pas moins en rupture de ban, ressemble plus à une apocalypse qu’à une apothéose, au crescendo savamment conduit par un chef peu soucieux de lorgner vers les séductions de la valse viennoise. Comme si des légions en marche allaient balayer un monde agonisant : c’est noir, inexorable, oppressant. Ici encore, on pense à Chostakovitch, jamais aux rois de la valse.



Donné en première partie, le Concerto de Brahms, en revanche, s’accommode mal d’une telle approche : Järvi refuse ici encore d’assumer un héritage, celui du romantisme allemand, au profit d’un ascétisme parfois anguleux, qui casse un peu la verve tzigane de l’Allegro giocoso final. Rien de commun avec la générosité du violon de Maxim Vengerov, sonorité très timbrée, jeu souverainement libéré, superbe à la fois d’émotion et de maîtrise. La grande tradition, pour le coup : le soliste et le chef ressemblent un peu à la carpe et au lapin, la balance entre les deux n’étant pas toujours idéale. Bis aussi séduisant qu’inhabituel : la Méditation de Thaïs de Massenet, où le divorce se perpétue, s’aggrave même entre le violon et l’orchestre, la direction étant visiblement peu sensible au mysticisme sensuel de cette célébrissime page.



Didier van Moere

 

 

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