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Quatuor au château Montreux
Château de Chillon
09/04/2014 -
Joseph Haydn : Quatuor n° 77 en do majeur, opus 76 n° 3 «L’Empereur»
Béla Bartók : Quatuor n° 3 en do dièse mineur, sz. 85
Claude Debussy : Quatuor en sol mineur, opus 10
Quatuor Van Kuijk: Nicolas Van Kuijk, Sylvain Favre (violon), Grégoire Vecchioni (alto), Sébastien Van Kuijk (violoncelle)
Depuis maintenant près de soixante-dix ans, le Septembre musical de Montreux-Vevey est le rendez-vous des mélomanes sur la Riviera vaudoise, pour les amateurs de grands orchestres (cette année la Philharmonie tchèque, l’Orchestre national de Russie, l’Orchestre des jeunes de Bahia et le fidèle Royal Philharmonic Orchestra), mais aussi pour les amoureux de la musique de chambre. L’occasion aussi de troquer l’immense auditorium Stravinsky contre la magnifique et intimiste salle de réception du château médiéval de Chillon, construit face au grandiose massif alpin, au bord du lac Léman.
C’est le jeune Quatuor Van Kuijk, premier prix du concours international de quatuors à cordes de Trondheim en 2013, qui s’y produit ce soir. Il ouvre la soirée avec le Quatuor «L’Empereur» de Haydn. Cette célèbre pièce, destinée au violoniste et impresario Peter Salomon, est l’exemple type du quatuor brillant qui fait la part belle au premier violon, traité comme un instrument soliste, une cadence lui étant même réservée à la fin du premier mouvement. De style noble, il ne néglige pas pour autant la musique populaire, avec l’introduction du bourdon dans l’Allegro initial et un Menuet aux faux airs de ländler, joué ici de façon un peu robuste, ce qui ne nuit nullement à la qualité générale de l’interprétation, qui alterne avec brio thèmes sérieux et passages plus légers.
Le Quatuor Van Kuijk
Changement radical de style et de climat avec le Troisième Quatuor de Bartók, où les qualités des Van Kuijk trouvent pleinement à s’exprimer. D’une formidable tension dramatique, leur jeu ne montre aucune faiblesse dans ces pages implacables et d’une grande complexité. Techniquement, on entend des attaques sûres, des traits vifs, des pizzicati percutants, et si l’interprétation se montre grinçante et tendue, elle n’oublie pas d’être également mélodieuse et élégiaque. Après cette première partie, c’est le fameux Quatuor de Debussy, créé en 1893 à Paris par le Quatuor Ysaÿe, où le Quatuor Van Kuijk déploie un subtil jeu de couleurs, dans un ton tantôt déterminé tantôt doux, et insuffle une rare beauté dans le mouvement lent, empreint de sérénité et de recueillement.
Les quatre jeunes musiciens se sont avérés remarquablement homogènes et ont montré une véritable joie de jouer ensemble, auprès d’un public enthousiaste. Il importe notamment de souligner les qualités particulières du violoncelle très engagé de Sébastien Van Kuijk, à la sonorité puissante, ample, pleine et charnue à la fois. Bien entendu, les artistes n’ont pu refuser un bis, qui a permis de réentendre un mouvement du superbe quatuor de Haydn.
Le site du Septembre musical de Montreux-Vevey
Le site du Quatuor Van Kuijk
Emmanuel Andrieu
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