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La Roque

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Jeunesse et profondeur

La Roque
Abbaye de Silvacane
08/16/2014 -  
Wolfgang Amadeus Mozart : Quatuor n° 15 en ré mineur, K. 421
Joseph Haydn : Quatuor n° 49 en ré majeur, opus 50 n° 6 «Der Frosch»
Arnold Schönberg : Verklärte Nacht, opus 4

Quatuor Zaïde: Charlotte Julliard, Pauline Fritsch (violons), Sarah Chenaf (alto), Juliette Salmona (violoncelle) – Guillaume Becker (alto), Lydia Shelley (violoncelle)




A l’ombre des puissantes machines d’Aix ou La Roque d’Anthéron, le Festival de Quatuors à cordes du Luberon sillonne la Provence, chaque été depuis bientôt quarante ans. En 2011, Hélène Salmona en a repris la direction artistique et l’a recentré sur la seconde quinzaine d’août: sans négliger les gloires établies, à l’instar des Prazák qui refermeront cette édition 2014, une attention particulière est accordée à la génération montante, et se fait l’écho du renouveau de la scène française. Les Zaïde en constituent l’une des plus talentueux témoignages. Portée sur les fonts baptismaux en 2009, la formation, entièrement féminine, recueille depuis les fruits d’un fort engagement, sensible dans le programme qu’elle livre ce samedi après-midi en l’abbaye de Silvacane.


Celui-ci s’ouvre avec le Quinzième Quatuor de Mozart. L’intensité d’expression de la partition jaillit dès les premiers coups d’archet de l’Allegro moderato. Le son affirme une belle densité et un médium nourri qui colore l’Andante avec sensibilité – le violoncelle de Juliette Salmona y déploie une sensuelle rondeur. D’une nervosité équilibrée, sans brutalité aucune, le jeu des quatre solistes, emmené par le violon énergique et décidé de Charlotte Julliard, fait vibrer un Trio caractérisé avec une clarté admirable, ainsi qu’un Allegro ma non troppo conclusif frémissant d’émotion.



Le Quatuor Zaïde


Le Quatuor opus 50 n°6 de Haydn, surnommé «La Grenouille» pour son finale bondissant, confirme la vitalité des musiciennes françaises, évidente dès l’Allegro initial. La délicatesse n’est pas absente pour autant du mouvement lent ou même d’un Menuetto pétillant, avant un Allegro con spirito mené avec un enthousiasme communicatif – et pas seulement aux batraciens au demeurant plus schématiques qu’imitatifs. On ne manquera pas de saluer également l’alto de Sarah Chenaf, ainsi que Pauline Fritsch, qui, au second violon, se mêle à ses complices avec un naturel qui ne trahit point son noviciat.


Guillaume Becker et Lydia Shelley, l’alto et le violoncelle des Voce, à peine plus âgés que leurs consœurs, rejoignent l’effectif des Zaïde pour La Nuit transfigurée de Schönberg, sextuor inspiré par un poème de Richard Dehmel. Des textures mystérieuses et enveloppantes comme l’obscurité émergent le lyrisme scintillant de la féminité, ici remarquablement exalté, avant de se fondre dans les bras de l’assurance masculine et du pardon consolateur, vers une sérénité retrouvée où s’évanouissent les derniers accords. Les six instrumentistes consonnent avec une voluptueuse sincérité, à la fois intimiste et cosmique, et font luire sans réserver la nocturne étoile du romantisme tardif du premier Schönberg. Jeunesse et profondeur n’ont rien d’antinomique – sans doute cela tient-il au miracle de la complicité chambriste.


Le site du festival international de Quatuors à cordes du Luberon
Le site du Quatuor Zaïde



Gilles Charlassier

 

 

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