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Le génie russe Paris
Théâtre du Châtelet
02/02/2001 -
Alexandre Scriabine : Le Poème de l'extase
Serge Prokofiev : Concerto pour piano n°2
Igor Stravinsky : Le Sacre du printemps
Alexandre Toradze (piano)
Orchestre du Théâtre Mariinski, Valery Gergiev (direction)
Chacune de ces œuvres pourrait constituer le "morceau de choix" d'un concert. Valery Gergiev a choisi, lui, de les réunir pour constituer une soirée exceptionnelle. Le Sacre du printemps et le Concerto pour piano n°2 de Prokofiev - datant tous deux de 1913 - ainsi que Le Poème de l'extase (1908) déploient des palettes expressives extrêmement riches, sollicitent tous les pupitres et constituent de véritables défis pour tous les orchestres. La parfaite mise en évidence des irrésistibles crescendos et des couleurs chatoyantes dans l'œuvre de Scriabine affirmait déjà une rare performance orchestrale. Mais ces qualités, aussi parfaites soient-elles, ne suffiraient pas au long et exigeant concerto de Prokofiev. Au delà d'une maîtrise technique déjà très élevée, il réclame une tension et un investissement affectif phénoménaux de la part du pianiste. On comprend sa grande confidentialité dans les salles de concerts : combien de pianistes dans le monde savent "habiter", faire vivre ce concerto ? Alexandre Toradze signe une prestation époustouflante, sachant exploiter la force percussive du piano comme ses nuances les plus fines et donnant un sens à chaque note. Le public est subjugué. Après l'entracte, Valery Gergiev donnera un Sacre plus sensible au fondu orchestral - et donc à une sonorité et à une filiation "russes" - qu'à une claire distinction des pupitres et des structures rythmiques - une vision "moderne et occidentale" à laquelle nous sommes plus habitués. L'ouverture Rousslan et Ludmilla de Glinka achève magnifiquement le concert.
Philippe Herlin
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