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Cinq ans après Saint-Céré Halle des sports 08/02/2014 - et 7, 8, 10, 11, 12 (Montpellier), 22, 26, 30 (Figeac) juillet, 11*, 15 août (Saint-Céré), 12, 13 (Le Chesnay), 16, 17, 18, 19, 20 (Blagnac) décembre 2014, 10, 11 (Perpignan), 14 (Albi), 16, 17 (Mérignac), 31 (Issy-les-Moulineaux) janvier, 11, 12 (Massy), 23 (Biarritz) avril, 5 mai (Cahors), 31 décembre (Vevey) 2015 John Kander: Cabaret China Moses (Sally Bowles), Nicole Croisille (Fräulein Schneider), Eric Perez (Le maître de cérémonie), Samuel Theis (Clifford Bradshaw), Patrick Zimmermann (Herr Schultz), Pauline Moulène (Fräulein Kost), Clément Chebli (Ernst Ludwig), Anandha Seethanen, Anne-Sophie Domergue, Sarah Lazerges, Yassine Benameur, Antoine Baillet, Déborah Torrès, Sarah Zoghlami, Paula Lefever, Pascale Peladan, Fanny Aguado, Marlène Wirth, Grégory Garell, Hedi Hammam, Rafael Linares
Nicolas Fargeix, Boris Pokora (clarinette, saxophone, flûte), Marie Bedat (trompette), François Michels (trombone), Alice Hocquet (contrebasse), Manuel Peskine (clavier, accordéon, banjo), Samuel Domergue (percussion), Dominique Trottein (direction musicale)
Olivier Desbordes (mise en scène), Glyslein Lefever (chorégraphie), Jean-Michel Angays (costumes), Patrice Gouron (décor), Guillaume Hébrard (lumières), Bérenger Thouin (création vidéo)
[assis] E. Perez, N. Croisille, P. Zimmermann, [debout] C. Moses, S. Theis (© Manuel Peskine)
En 2009, le festival de Saint-Céré avait présenté «Berlin années 20!», adaptation de la revue C’est dans l’air (1928). Toujours à Berlin mais cinq ans plus tard, nous sommes donc au début des années 1930 – rien de plus logique – c’est-à-dire à la fois le lieu et l’époque de Cabaret (1966). Avec de nouveau Olivier Desbordes à la mise en scène, la réussite est encore plus éclatante, à l’image, il est vrai, d’une comédie musicale dont aussi bien le ressort narratif et psychologique – les vicissitudes de deux couples – que la portée historique et politique – la montée du nazisme – sont autrement plus forts. Car voilà un spectacle qui, 2 heures durant (sans entracte), ne lâche pas un seul instant le spectateur.
Les décors constructivistes de Patrice Gouron figurent les loges des danseuses à l’arrière du plateau, tandis qu’à l’avant, sur deux niveaux, la chambre de Melle Kost, la prostituée, est au-dessus de celle de Melle Schneider, la logeuse, la confusion étant toutefois délibérément entretenue entre les coulisses du Kit Kat Klub et les pièces de la pension de famille, qui comprennent elles aussi table de maquillage, miroir et lampes. Plus haut encore, comme un ange (déchu) de Wenders au-dessus de la capitale allemande, le maître de cérémonie chante au second acte «I Dont’ Care Much». L’espace central reste libre pour les ensembles dansés, tandis que côté cour, une petite scène avec un rideau sur lequel figure l’inscription «Kabaret» suggère tour à tour divers lieux (le train, la chambre de Cliff...), sur fond de projections d’extraits de films en noir et blanc, parfaitement en situation, et, plus occasionnellement, de formes colorées, dont l’apport paraît en revanche moindre.
Grâce à une excellente sonorisation, on ne perd pas un mot des numéros chantés (en anglais) et des dialogues (en français). Au-dessus des loges, huit musiciens, dont le chef, Dominique Trottein, se partagent clarinettes, saxophones, trompette, trombone, claviers, accordéon, banjo, contrebasse et percussion: la mise en place est aussi impeccable que dynamique, de même que la chorégraphie vive et truculente conçue par Glyslein Lefever. Girls, boys, marins, hommes de main... la troupe comme les personnages principaux sont gâtés par les costumes de Jean-Michel Angays, faisant mouche à tous les coups pour caractériser chacune et chacun.
On n’apprendra qu’au moment des rappels, de la bouche d’Olivier Desbordes, que China Moses (née en 1978), était «extrêmement malade» et on aura ensuite confirmation par plusieurs sources que les propos du directeur artistique du festival n’étaient nullement exagérés: durant la représentation, la fille de Dee Dee Bridgewater, souveraine dans la chanson finale «Cabaret», n’en aura pourtant absolument rien montré. Pour incarner à ses côtés le jeune écrivain américain, Samuel Theis (né en 1978) possède une belle voix aussi bien chantée que parlée. Dans des emplois de caractère de Melle Schneider et M. Schultz, Nicole Croisille, bien qu’affublée d’une vilaine perruque violacée et contrefaisant inutilement l’accent allemand, et Patrick Zimmermann, grimé et vêtu en clown avant de devenir le bouc émissaire, sont aussi drôles que touchants. Sans surprise, le maître de cérémonie se révèle comme un rôle idéal pour les talents multiformes d’Eric Perez, facétieux, lubrique mais aussi émouvant.
Le site de China Moses
Simon Corley
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