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09/29/2023
Renaud Machart : La Musique minimaliste
Actes Sud – 272 pages – 22 euros
 Sélectionné par la rédaction
Renaud Machart propose à partir de l’œuvre d’une poignée de musiciens américains un voyage dans la musique du siècle dernier avec ses prolongements dans celle d’aujourd’hui.
Chez le même éditeur, Renaud Machart depuis une dizaine d’années nous a familiarisés avec l’œuvre de trois personnalités majeures de la musique américaine : John Adams, Leonard Bernstein et Stephen Sondheim, mais aussi plus marginalement avec celle de Ned Rorem (Le Seuil, 2003). Son dernier ouvrage traite du mouvement « minimaliste », né aux Etats‑Unis au début des années 1960, et de ses ramifications dans notre siècle, dans toute l’Amérique mais aussi en Europe au travers de la pop music et de la musique illustrant l’image au cinéma et à la télévision. C’est le premier essai en langue française (les publications américaines les plus importantes sur le sujet n’étant à ce jour pas traduites) traitant du mouvement minimaliste dans toutes ses composantes.
Le minimalisme musical, terme plus approprié, l’auteur explique en détail pourquoi, que celui de musique répétitive, est né à New York dans le sud de la ville au début des années 1960, en rupture totale avec la création musicale en vigueur en Amérique, réconciliant tout un public et ouvrant à de nouvelles oreilles une esthétique nouvelle, avec une musique utilisant des structures courtes et répétitives, éloignée du modernisme post dodécaphonique. Ses relations avec les arts plastiques – l’art minimal – appartiennent à l’histoire de la ville de New York en son downtown, les quartiers sud (Village, SoHo, NoHo, Tribeca...) sont développées au travers des expériences artistiques dans des galeries, lofts, lieux de culture alternative avec des plasticiens (Robert Morris, Donald Judd, Jackson Pollock, Franz Klein, Max Neuhaus), des musiciens (La Monte Young, Steve Reich, Phil Glass, Richard Serra, John Cage, Terry Riley) et aussi des chorégraphes (Anna Halprin, Simone Forti, Yvonne Rainer) qui sont les précurseurs de ce nouveau courant musical.
Renaud Machart consacre à chacun des acteurs musicaux de ce mouvement un chapitre avec une analyse souvent critique de leurs œuvres les plus emblématiques. L’irruption de la musique indienne en Occident, qui coïncide chronologiquement avec le développement de ces œuvres, est observée en détail ainsi que tout ce que ces compositeurs minimalistes doivent aux musiques médiévales européennes.
La seconde partie de l’essai s’emploie à traiter de la pérennité de la musique minimaliste, pourtant donnée pour agonisante, au travers des œuvres de John Adams et Philip Glass, ceux dont la longévité est exemplaire. La récupération par la musique populaire européenne et la musique de cinéma donne lieu à un long développement argumenté de nombreux exemples.
Parfaitement édité (mais non illustré) et annoté, l’ouvrage propose en annexe quelques index, des références bibliographiques et des liens Internet permettant de s’orienter et d’approfondir ce riche et passionnant sujet traité ici avec beaucoup d’érudition et d’enthousiasme.
Olivier Brunel
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