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06/18/2023
Stephen Desberg et Emilio van der Zuiden : L’Héritage Wagner
GrandAngle – 80 pages – 17,90 euros





L’éditeur de bandes dessinées GrandAngle/Bamboo Editions publie avec L’Héritage Wagner le dernier volet d’un triptyque signé par les auteurs belges Stephen Desberg et Emilio van der Zuiden.


L’Héritage Wagner est un bien curieux objet, dont on se demande quel public il compte toucher et quelle démarche a pu pousser son scénariste Stephen Desberg à exploiter ainsi le passé sulfureux du Festival de Bayreuth. Les deux auteurs avaient déjà exploré avec Les Anges d’Auschwitz et Aimer pour deux des sujets en lien avec la Seconde Guerre mondiale. Fasciné par la musique de Wagner dès l’adolescence et ayant fait le pèlerinage de Bayreuth, Stephen Desberg avoue « toujours avoir eu du mal à accepter la relation entre la famille Wagner et le nazisme ».


Le scénario démarre à la toute fin de la guerre, la libération des camps de concentration précisément, pour revenir en arrière à la période ou le Führer visitait régulièrement la villa Wahnfried et assurait l’avenir des enfants Wagner dans le culte du grand homme qu’était devenu le compositeur dans l’idéologie du national‑socialisme.


On passe ensuite à l’itinéraire de Wieland, celui des deux frères qu’Adolf Hitler avait choisi pour assurer l’avenir du festival, évinçant d’office Wolfgang (la rivalité des deux frères faisant l’objet d’un développement ultérieur), évoquant au passage d’une façon un peu brutale l’homosexualité de Siegfried, qui, contrairement à ce qu’affirme Desberg, n’est pas « un sujet dont l’Allemagne parle le moins possible », une grande exposition y étant été consacrée à Berlin en 2017.


On passe ensuite abruptement à l’arrivée du soprano Anja Silva au Festspielhaus de Bayreuth en 1961 et le scénario se centre sur l’histoire tourmentée de sa relation professionnelle et privée avec Wieland Wagner. Et là on découvre que ce qui était le plus facile à documenter dans cette entreprise laisse place à une invention complète : Anja Silja interprète d’Isolde en 1961, un supposé Parsifal de Wolfgang avant celui de Wieland en 1966...


Le dessin d’Emilio van der Zuiden (très belles couleurs de Jack Manini) est très expressif, quasi cinématographique et ne reculant pas aux extrêmes dans les scènes de violence (on s’adresse tout de même à un public supposé adulte), les dialogues conférés aux personnages souvent à la limite du trivial. Mais le regard jeté sur la famille Wagner, ses culpabilités post‑dénazification, la nostalgie du national‑socialisme dans le festival et une partie importante de son public et leur l’influence artistique, sont bien vus et racontés même si l’on ne peut s’empêcher de regretter un peu plus de rigueur dans le récit par la dispersion de l’action dans le temps, qui tend souvent à brouiller les pistes.


Olivier Brunel

 

 

 

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