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06/17/2023
Martin Engstroem : De Stockholm à Verbier. Une vie pour la musique
Entretiens avec Bertrand Dermoncourt, avant‑propos par Rodion Chtchédrine
Actes Sud/Fondation du Verbier Festival – 192 pages – 23 euros


Must de ConcertoNet





Alors que le Festival de Verbier s’apprête à fêter ses trente ans, Actes Sud publie sous forme d’entretiens le récit de la vie de son créateur, Martin Engstroem. Passionnant récit d’une vie dévouée aux artistes et à la musique.


Ce n’est faire injure à aucun des deux protagonistes de cette publication, le directeur et fondateur du Festival de Verbier, Martin T:son Engstroem, ni au journaliste et éditeur Bertrand Dermoncourt, interviewer méthodique et très documenté, que de dire que ce récit, organisé comme une suite d’entretiens interrompus par des portraits d’artistes, se lit comme un roman policier !


Depuis son enfance à Stockholm baignée dans la musique et émaillée de cent petits jobs, autant de cailloux qui allaient former une route vers la profession d’agent, jusqu’à la création du Festival de Verbier dans le Valais Suisse, dont la prochaine édition cet été (du 14 au 30 juillet) marquera, toujours sous sa direction, le trentième anniversaire, la vie du Suédois Martin Engstroem (aujourd’hui 70 ans et naturalisé suisse) est un parcours passionnant émaillé de tant de rencontres que détaille ce récit.


La liste est impressionnante des personnalités qui jalonnent cette carrière dont la logique tient souvent du roman d’initiation. Le chef hongrois-américain Antal Dorati, parrain et guide constant, le baryton Dietrich Fischer‑Dieskau, rencontré dans l’enfance, la pianiste Martha Argerich, dont il a suivi toute la carrière, la soprano américaine Barbara Hendricks, qu’il a épousée en 1978, avec qui il a eu deux enfants et dont il a été l’agent pendant ses années les plus glorieuses ; les chefs Valéry Gergiev, James Levine, Leonard Bernstein, Claudio Abbado, Charles Dutoit, Herbert von Karajan et Carlos Kleiber, à qui il consacre un savoureux chapitre révélant des anecdotes croustillantes ; le violoncelliste russe Mstislav Rostropovitch, qui a aussi le droit à un « portrait », et son épouse le soprano Galina Vichnevskaïa, parmi tant d’autres musiciens de renom : Ivry Gitlis, Sviatoslav Richter, Mischa Maisky, András Schiff, Mikhaïl Pletnev (un index aurait été le bienvenu pour cet ouvrage)...


Le détail de l’itinéraire professionnel de Martin Engstroem est certainement la partie la plus palpitante de ce récit avec, après Stockholm les années d’apprentissage dans les grandes agences londoniennes, Paris comme assistant de Germinal Hilbert, qui tenait la plus prestigieuse agence européenne et dont l’« écurie » comptait les artistes les plus fameux de ces années 1970, de Karl Böhm à Jessye Norman, de Birgit Nilsson à Leonie Rysanek, puis les années allemandes à la direction artistique de la Deutsche Grammophon jusqu’à la création du Festival de Verbier.


Les aventures conduisant à la fondation de ce festival suisse, aujourd’hui largement international avec ses orchestres, académies d’été, saison de concerts, tournées et classes de maître, et qui regroupe un staff impressionnant dont fait partie la violoniste Blythe Teh, sa deuxième épouse, occupent une partie majeure de ces quelques deux cents pages. Le récit des péripéties du financement et du recrutement des mécènes intéressera d’avantage les spécialistes mais l’aventure artistique est un exemple unique par lequel Martin Engstroem récolte, dans une deuxième période de sa carrière, les fruits des liens tissés avec de très nombreux artistes, fondés sur un savoir‑faire unique qui, à la base du système, remonte aux années d’apprentissage et sur une fidélité à des principes intransigeants sur les qualités musicales et humaines des participants.


L’ouvrage est forcément incomplet car l’aventure Verbier est en cours, à un tournant crucial de son existence et son directeur, même s’il évoque çà et là un futur éloigné, semble, à 70 ans, toujours aussi motivé pour en tenir les rênes.


Olivier Brunel

 

 

 

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