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11/01/2022
Philippe Cassard : Par petites touches
Mercure de France – 193 pages – 19 euros


Sélectionné par la rédaction





Par petites touches s’ouvre par une promenade au jardin du Luxembourg, quelque chose du Tout sur le tout d’Henri Calet. Philipe Cassard sait tout de ce jardin, le nom des arbres, l’emplacement des statues, il observe, il goûte, il hume. Il sait qui sont ces passants qu’il ne connaît pas, d’où ils viennent, ce qu’ils vont faire. Son oreille aiguisée transforme les bruits ambiants en une sorte de City Life.
Ce faisant, Philippe Cassard plonge dans ses souvenirs d’enfance, Chaux-lès-Passavant dans le Haut‑Doubs ; le courage noble de la paysannerie française, le dur labeur de ses ancêtres, la messe à 10 heures, les repas dominicaux chaleureux et copieux, la découverte des vins de Bourgogne ou du Jura. Il ne manque que Tante Léonie...


Une évocation affectueuse de son premier professeur, Suzanne Verrier, qui lui transmet d’emblée « l’amour de l’instrument, la relation charnelle avec toutes ces touches d’ivoire et d’ébène, l’écoute des sons », stimule en lui le développement de l’imagination et le conduit à un premier récital au Théâtre de Besançon à l’âge de 8 ans, ouvre un chapitre sur tous ses maîtres. D’abord, quelques fois par ans, Pierre Barbizet, qu’il fallait rejoindre à Marseille, puis très rapidement Jacques Bloch, professeur au Conservatoire de Besançon et disciple de Lazare‑Lévy. Muni de son Premier Prix, il rentre, à Paris, dans la classe du grand Dominique Merlet, qui a formé tant de pianistes et dont on se souvient tous de l’encourageante exigence, de la probité, de l’immense culture et de la fidélité à ses « anciens ». Puis Philippe Cassard rencontre Nikita Magaloff, le seigneur. Voyages en Suisse. Années de pèlerinage. Jugement définitif : « Il faut tout changer... ! »


Philippe Cassard nous confie ensuite sa vie de concertiste, « Jouer », « Voyager », « Dormir », en de savoureux passages que l’on dévore avec envie. Alors lui vint l’envie de parler, de parler à la radio. Alain Pâris lui propose en 2000 de présenter des émissions thématiques. Vingt‑deux ans après, on suit toujours avec passion « Portraits de famille » et l’on réécoute toujours avec bonheur « Notes du traducteur » que l’on serait bien inspiré d’inscrire dans le cursus des étudiants des conservatoires ou des facultés de musicologie.


Les « petites touches » s’égrènent ; on y rencontre notamment Richter, un morceau d’anthologie, Thierry de Brunhoff, Christa Ludwig, Vladimir Horowitz, Radu Lupu, Francine, une auditrice que le « Clair de lune » de Debussy a ressuscitée, Natalie... Natalie Dessay évidemment.


Ce livre joliment illustré est une gourmandise, si joyeux et poétique, pudique mais aussi sans concession car Philippe Cassard, comme tout grand musicien, est un homme exigeant et il possède bien des talents, jouer, parler, enseigner, écrire... Il ne manque qu’une table des œuvres et des noms cités pour utiliser cet ouvrage non comme un roman mais comme une mine extraordinaire de souvenirs, de portraits de musiciens, d’anecdotes où l’on viendrait y puiser les sources ; un outil de travail, en quelque sorte.


Christian Lorandin

 

 

 

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