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11/27/2009
Guide des instruments anciens du Moyen-Age au XVIIIe siècle

Catalogue trilingue (français – anglais – allemand) de 200 pages et livret de huit disques – 600’28 – 49 euros
Ricercar RIC 100 (distribués par Harmonia mundi)






Qui connaît le crwth, instrument à cordes du Pays de Galles que l’on trouve principalement dans les ensembles de musique populaire ? Qui a entendu parler de la pandore (inventée, paraît-il, par le luthier anglais John Rose en 1562) ou du penorcon (sorte de pandore de taille plus petite mais dont le manche est plus large) ? Qui même a déjà vu un sordem, sorte de basson à la sonorité de cornemuse ?


Autant de questions que résout avec maestria ce Guide des instruments anciens publié chez Ricercar. Didactique de bout en bout, ce livre de 200 pages se subdivise en diverses sections successivement consacrées aux cordes frottées, aux cordes pincées, aux instruments à vent, aux instruments à embouchures et aux cuivres, aux instruments à clavier et aux percussions. Détaillant les différentes familles d’instruments (saviez-vous, par exemple, que la viole de gambe se décline également en basse de viole, dessus de viole, pardessus de viole, quinton, grande basse de viole et contrebasse de viole ?), le texte décrit également avec minutie l’histoire de ces instruments, les évolutions techniques dont ils ont fait l’objet, l’usage qu’il en a été fait. Ce guide a également le mérite incontestable de rappeler à notre mémoire les noms, croisés au hasard de quelque disque, de certains instruments dont seul un petit nombre d’ensembles spécialisés font aujourd’hui usage. Ainsi, on redécouvre le cromorne, le bassanello (joli instrument à anche double, muni d’un bocal courbé, qui aurait été inventé par Giovanni Bassano, compositeur vénitien du XVIe siècle, ou son père), la flûte d’amour (instrument de prédilection du grand Joachim Quantz) ou la flûte alto.


En outre, nouvel élément à la bonne intelligibilité de ce panorama, on soulignera l’iconographie, particulièrement riche, qui fait cohabiter aussi bien des photographies d’instruments que des reproductions de gravures (on compte notamment nombre de planches tirées de l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert) et des détails de tableaux (avait-on déjà remarqué l’importance des instruments de musique dans les célèbres Noces de Cana de Véronèse ?).


Deuxième partie de ce vaste ensemble, les huit disques qui illustrent concrètement le catalogue en permettant à l’auditeur d’écouter tous ces instruments aux sonorités oubliées pour la plupart. Chaque disque correspond ainsi à une époque particulière : ainsi, le Moyen-Age, la Renaissance (danses et ballets), la Renaissance (fantaisies et ricercare, chansons et madrigaux), l’arte di diminuir (au temps de Monteverdi), le siècle de Louis XIV, au temps de Johann Sebastian Bach, le style concertant au temps de Louis XV et, enfin, le classicisme. Puisant notamment dans les fonds des éditeurs Alpha, Harmonia Mundi, Capriccio, Glossa, Accent, Ricercar et Fuga libera, ce vaste panorama est exceptionnel tant dans sa diversité que dans son caractère tout à fait complet. Sans naturellement prétendre à l’exhaustivité de ce que recèle cet ensemble hors normes (206 extraits musicaux !), citons néanmoins quelques exemples. On écoutera avec amusement le Se j’onques à mon vivant, composition anonyme du XIIIe siècle basée sur le fameux Roman de Fauvel, interprétée par une flûte à trois trous, un tambour à cordes et des crotales (ancêtre des castagnettes) ou, passant quelques décennies, la pièce de Michaël Praetorius (1571-1621) intitulée Ballet des Amazones et La Rosette, interprétée cette fois par trois bombardes et une chalemie en .


Poussons de nouveau la porte du temps et avançons ensuite aux marches de la Renaissance : là encore, de nombreuses pièces méritent une oreille attentive, les lignes mélodiques s’avérant beaucoup plus travaillées, plus complexes également que lors des siècles précédents. Ainsi, en dépit de son titre, Je porte tes couleurs n’est pas une chanson mais bien une pièce purement orchestrale du XVIe siècle, composée par un certain Andreas Pevernage à l’attention d’un petit ensemble orchestral (cornet à bouquin, chalemie, deux bombardes en sol, trombone et basson). Avec le temps, les noms de compositeurs célèbres apparaissent de plus en plus fréquemment : le disque consacré au Grand Siècle voit ainsi apparaître les figures de Marc-Antoine Charpentier, Jean-Baptiste Lully, Marin Marais, Louis Couperin ou Johann Froberger. C’est d’autant plus le cas avec les deux disques respectivement consacrés à Johann Sebastian Bach et à ses fils d’une part, au classicisme d’autre part qui fait cohabiter Anton Heberle avec un certain… Wolfgang Amadeus Mozart.


Au total, on l’aura compris, voici une anthologie tout à fait remarquable tant par le contenu que par la présentation, outil extrêmement utile pour tous ceux qui souhaitent se plonger dans les six siècles précédant la période romantique. Les fêtes de Noël approchent : voici incontestablement une très belle idée de cadeau !


Sébastien Gauthier

 

 

 

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