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La saison 2024‑2025 des Berliner Philharmoniker
06/05/2024


« De l’audace, encore de l’audace, toujours de l’audace... »



K. Petrenko (© Frederike van der Straeten)


Ça y est : les programmes de la saison 2024‑2025 des grands orchestres sont tous sortis et il est toujours intéressant, quand bien même nos lieux de concerts seraient cantonnés à la ville dans laquelle nous vivons et travaillons, de regarder ce qui se passe ailleurs. A ce titre, et comme nous l’avons déjà fait à plusieurs reprises (en 2019, 2020 et 2023), nous souhaiterions appeler l’attention de nos lecteurs sur la prochaine saison des Berliner Philharmoniker, orchestre pour lequel nous avons, à titre personnel, un tropisme particulier. Et il faut dire qu’une fois encore, la saison 2024‑2025 de l’Orchestre philharmonique de Berlin frappe par sa diversité tant quant aux artistes invités qu’aux œuvres proposées, notamment si on la compare à celles d’autres phalanges aux programmes beaucoup plus classiques (comme pour l’Orchestre royal du Concertgebouw d’Amsterdam), voire monochromes et sans fantaisie (comme pour le Philharmonique de Vienne, dont le programme apparaît de façon étonnante plus compassé que jamais).


Même s’il s’agit d’une lapalissade, précisons d’emblée que la saison 2024‑2025 porte en partie sur l’année 2024. De fait, le Philharmonique de Berlin en profite pour poursuivre son intégrale des symphonies de Bruckner (dont on célèbre en 2024 le bicentenaire de la naissance) avec, à tout seigneur tout honneur, Kirill Petrenko, qui dirigera la Cinquième Symphonie : ce sera d’ailleurs le concert d’ouverture de la saison (le 23 août), l’œuvre étant reprise dans les jours suivants à Salzbourg, Lucerne, aux Proms de Londres (complétée par quelques œuvres chorales du même Bruckner), à la Musikfest de Berlin en septembre mais également lors des tournées de l’orchestre tant aux Etats‑Unis qu’au Festival de Baden‑Baden. Par la suite, Marek Janowski dirigera la Septième (lors d’un concert où sera également donné le Concerto pour violon de Mendelssohn avec Augustin Hadelich en soliste), avant que Paavo Järvi ne dirige la Première, Simone Young ne donne la Deuxième début décembre, précédant de quelques jours la Huitième sous la baguette d’Andris Nelsons puis, toujours en décembre, la Neuvième par Herbert Blomstedt avec, en complément et comme on a souvent eu l’occasion de l’entendre (voir notamment ici, ici et ici), un concerto pour piano de Mozart (le Vingtième en l’occurrence, avec Leif Ove Andsnes en soliste).


Les programmes conduits au cours de la saison par le directeur musical de l’orchestre, Kirill Petrenko, reflètent on ne peut mieux son esprit aventureux, reprenant aussi bien l’intégrale de Ma Patrie de Smetana (seule, à Salzbourg, ou couplée au Concerto de Schumann avec Vikingur Olafsson au piano) que la Neuvième Symphonie de Mahler ou la Symphonie alpestre de Strauss. Mais on l’entendra également diriger des programmes réunissant Rachmaninov, Korngold et Dvorák, The Wrath of God de Sofia Goubaïdoulina avec Francesca da Rimini de Rachmaninov, Arcana de Varèse, Superorganisms de Miroslav Srnka et la Pastorale de Beethoven ou, dernier exemple de cet éclectisme, Madame Butterfly de Puccini (avec Eleonora Buratto dans le rôle‑titre, Jonathan Tetelman dans celui de Pinkerton et Tassis Christoyannis dans celui de Sharpless).


Au-delà des quelques grandes baguettes déjà citées, le Philharmonique de Berlin sera également dirigé au cours de cette saison par Zubin Mehta, Klaus Mäkelä, Giovanni Antonini (pour un programme exclusivement consacré à Mozart et Haydn), Daniel Barenboim à deux reprises (un concert, routinier sur le papier, avec Martha Argerich, où seront programmés Beethoven et Brahms, et un autre notamment consacré au Chant de la Terre de Mahler, concert qui sera en particulier donné à Amsterdam), Gustavo Dudamel (l’intégrale d’Egmont de Beethoven et la Cinquième de Tchaïkovski), Daniel Harding (pour un programme original réunissant Les Planètes de Holst mais aussi les Cinq Pièces opus 16 de Schoenberg et Komarovʼs Fall de Brett Dean), François‑Xavier Roth (Rameau, Debussy, Scriabine et Saariaho), Jakub Hrůsa (Janácek, le Concerto « L’Empereur » de Beethoven avec Seong‑Jin Cho et le Concerto pour orchestre de Bartók) entre autres.


Plusieurs chefs donneront en outre des programmes alliant à la fois œuvres‑phares du répertoire et pièces beaucoup plus rares : il faut oser, comme Tugan Sokhiev, diriger la Titan de Mahler après avoir donné en première partie de concert D’un matin de printemps de Lili Boulanger et le Concerto pour alto et orchestre de Donghoon Shin ! De même, saluons l’audace des programmes dirigés par Jonathan Nott (Mazzoli, Eőtvős et Ives), par Sakari Oramo (qui associera aux Nocturnes de Debussy le rarissime Concerto pour piano (avec chœur d’hommes) de Busoni avec Kirill Gerstein en soliste et le Chœur de la Radio de Berlin) ou par Juanjo Mena, avec de la musique française (Pierné, Tailleferre et Ravel) à la fin du mois de septembre !


Précisons enfin que le Philharmonique de Berlin accueillera pour la première fois trois nouvelles baguettes, dont deux femmes : Joana Mallwitz dirigera un programme Prokofiev, Rachmaninov, Hindemith et Ravel tandis que Marin Alsop fera sa première apparition auprès des Berliner lors d’un concert où l’on entendra Outi Tarkiainen, Dean, Copland et Villa‑Lobos (fin février 2025). L’excellent Kazuki Yamada fera également ses débuts au pupitre de l’orchestre dans un programme associant Les Fontaines de Rome de Respighi, la Troisième Symphonie de Saint‑Saëns (avec Sebastian Heindl à l’orgue) et I Hear the Water Dreaming de Takemitsu, occasion d’entendre Emmanuel Pahud en soliste. On notera enfin que, contrairement aux années passées, certains chefs (Thielemann et Rattle en premier lieu) ne viendront pas cette année.


L’Orchestre philharmonique de Berlin sera, comme chaque saison, invité dans les grands festivals de fin d’été (Salzbourg, Lucerne, Proms et Musikfest) avant de faire une première tournée en novembre qui, après une escale à Francfort, l’emmènera sous la baguette de Kirill Petrenko aux Etats‑Unis (Washington, New York, Boston, Ann Arbor et Chicago). Une petite tournée européenne (Amsterdam, Bruxelles, Cologne, Essen) donnera ensuite l’occasion à l’orchestre de jouer à la fois sous les baguettes de Petrenko et de Barenboim (qui dirigera pour l’occasion le seul Chant de la Terre). Signalons évidemment la résidence de l’orchestre au Festival de Baden‑Baden et une escapade unique dans la petite ville de Künzelsau, où seront donnés le Concerto pour clarinette de Mozart (avec Wenzel Fuchs) et la Pastorale de Beethoven, sous la conduite de son directeur musical. Dommage donc, mais pas d’étape parisienne cette année !


Au-delà des concerts de l’orchestre dans son ensemble, les mélomanes pourront écouter les musiciens du Philharmonique dans plusieurs concerts de musique de chambre mettant notamment à l’honneur Wolfgang Rihm (compositeur en résidence pour la saison) et le pianiste Seong‑Jin Cho (artiste en résidence pour l’année), qui interprétera aussi bien des concertos avec l’orchestre que de la musique de chambre ou des récitals en solo. Les musiciens à vent de l’orchestre joueront également un programme Walton, Liszt, R. Strauss, Reubke et Schmidt avec l’organiste Richard Gowers, sans oublier les habituels « Lunch concerts » qui, dans un cadre à la fois familial et détendu, permettent au public de venir écouter dans le hall de la Philharmonie de brefs concerts d’une heure au maximum donnés chaque mercredi par quelques membres de la prestigieuse phalange. Précisons également que l’on pourra assister à divers concerts donnés par les jeunes (et talentueux) musiciens de la Karajan-Akademie der Berliner Philharmoniker sous la direction notamment de Sir Simon Rattle (Des canyons aux étoiles... de Messiaen avec Kirill Gerstein au piano) et d’Ivan Repusic dans un programme on ne peut plus éclectique (Johann Christian Bach, Friedrich Gulda, Boulez, Schoenberg et Milhaud).


Pour conclure ce panorama, signalons deux initiatives aussi spectaculaires qu’originales.


En premier lieu, au mois de février 2025, l’Orchestre philharmonique de Berlin donnera un cycle intitulé « Paradise lost ? », manifestant l’attention qu’il porte à l’environnement, tant à sa beauté qu’à sa destruction. Sous les baguettes de Petrenko, Alsop et Roth, seront donc concentrées des œuvres données par ailleurs au fil de la saison : ainsi, La Mer et la Pastorale illustreront la beauté de la nature avant que Superorganisms de Srnka ne nous plonge dans la diversité des espèces vivant sur la planète bleue, Fire Music de Dean ayant davantage vocation à nous alerter sur les destructions causées par les grands feux de forêts ou de savanes. Ces trois concerts prendront place dans une collaboration universitaire et artistique (avec force colloques, invitations d’autres orchestres et artistes comme le pianiste Alexander Melnikov ou l’Orchestre baroque de Fribourg, conférences d’experts...) permettant à la fois de prendre conscience de la fragilité de notre environnement et de se projeter dans l’avenir, en étudiant les voies et les moyens permettant d’enrayer la voie que nous prenons aujourd’hui.


En second lieu, le Philharmonique lance une mini-série de concerts (donnés par ailleurs dans le cadre de sa saison) intitulée « Ausklang », donnés trois vendredis dans l’année et à 19 heures exceptionnellement, permettant d’entendre aussi bien Busoni sous la direction d’Oramo (le 18 octobre) que Les Planètes sous celle de Harding le 24 janvier et la Cinquième de Tchaïkovski sous la baguette de Dudamel le 20 juin. Programmes courts, grand public, de luxe pourrait‑on dire : une nouvelle occasion d’apprécier une saison décidément pleine de promesses !


Le site de l’Orchestre philharmonique de Berlin


Sébastien Gauthier

 

 

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