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La saison 2023‑2024 des Berliner Philharmoniker
06/11/2023
Le prestige, comme d’habitude...
Le premier concert qui sera donné la saison prochaine sur la scène de la Philharmonie de Paris le 2 septembre permettra d’accueillir Kirill Petrenko et l’Orchestre philharmonique de Berlin (dans un programme Reger et Strauss), leur deuxième venue depuis que le chef russe (rappelons qu’il est né à Omsk en 1972) a succédé à Sir Simon Rattle, les deux concerts donnés ayant permis d’entendre en septembre 2021, entre autres, aussi bien Suk que Schubert, Weber qu’Hindemith.
Occasion pour nous de dresser ici un petit tableau de ce que sera la saison à venir du plus prestigieux (à tout le moins de l’un des plus prestigieux) orchestre du monde. Celle‑ci sera placée sous le fil conducteur de deux anniversaires : les deux cents ans de la naissance d’Anton Bruckner (il est né le 4 septembre 1824) et le cent cinquantième anniversaire de celle d’Arnold Schoenberg (celui‑ci ayant vu le jour le 13 septembre 1874). Dans le cadre de la première commémoration, les Berlinois interprèteront ainsi la Troisième Symphonie sous la baguette de François‑Xavier Roth, la Quatrième sous celle de Daniel Harding, la Sixième sous celle de Simon Rattle et la Septième sous celle de Tugan Sokhiev (dans le cadre du Festival de Pâques de Baden‑Baden). Mais avouons que le concert le plus intéressant dans cette série sera certainement celui donné par Christian Thielemann qui dirigera à l’occasion de sa venue les rarissimes Symphonie d’étude en fa mineur et Symphonie en ré mineur n° 0 (d’où son surnom « Die Nullte »). Dans le cadre de l’anniversaire Schoenberg, le public pourra entendre le Philharmonique aussi bien dans les Variations pour orchestre ou L’Echelle de Jacob, sous la direction de Petrenko, que dans la Nuit transfigurée sous celle de Daniele Gatti (concert prometteur qui permettra d’entendre également Mort et transfiguration ainsi que deux pages orchestrales tirées de Tristan et Isolde) ou Erwartung sous la baguette de la cheffe coréenne Eun Sun Kim, qui fera là ses débuts à la tête de l’orchestre. Ajoutons‑y enfin quelques pièces de musique de chambre interprétées par des membres des Berliner, au nombre desquelles notamment la version pour sextuor à cordes de la Nuit transfigurée et Pierrot lunaire.
Pour le reste, l’Orchestre philharmonique de Berlin confirme ses affinités avec les plus grands chefs : Herbert Blomstedt (les Métamorphoses de Strauss rapprochées de l’œuvre inspiratrice, l’Héroïque de Beethoven), Zubin Mehta (qui donnera notamment la Cinquième de Mahler), Daniel Barenboim (pour deux concerts sans risque : Deuxième Concerto de Beethoven avec Martha Argerich et Troisième Symphonie de Brahms et, dans le cadre de l’Europakonzert, Concerto pour violon de Brahms avec Lisa Batiashvili, artiste en résidence pour la saison, avant que l’orchestre ne se lance dans la Cinquième de Beethoven), Andris Nelsons, Alan Gilbert (dans Jeanne d’Arc au bûcher d’Honegger !) ou Gustavo Dudamel (dans la Sixième de Mahler). Plusieurs chefs feront également leurs débuts à la tête de l’orchestre : citons par exemple Robin Ticciati, le chef baroque Riccardo Minasi, le Finlandais Hannu Lintu, Fabio Luisi ainsi que le clarinettiste et compositeur en résidence Jörg Widmann. Quant au directeur musical Kirill Petrenko, il dirigera des programmes très éclectiques, passant des sages Vingt‑neuvième Symphonie de Mozart et Quatrième de Brahms au monumental premier acte de La Walkyrie (Vida Mikneviciūtė dans le rôle de Sieglinde, Jonas Kaufmann dans celui de Siegmund et Georg Zeppenfeld dans celui de Hunding), œuvre donnée pour le concert de la Saint‑Sylvestre, en passant par des œuvres de Hartmann, Xenakis, Berg, Dutilleux (la Première Symphonie), Strauss (prometteuse Elektra avec Nina Stemme dans le rôle‑titre) ou Smetana (l’intégrale du cycle Ma Patrie).
Le Philharmonique de Berlin, outre sa participation aux festivals de Salzbourg et de Lucerne à la toute fin du mois d’août 2023 et à celle du Festival de Pâques de Baden‑Baden, effectuera deux tournées : une extrêmement brève (Paris et Luxembourg les 2 et 3 septembre), une beaucoup plus longue du 11 au 26 novembre (Corée du Sud et Japon), auxquelles il faut ajouter quelques escapades à Vienne et Prague notamment. On insistera enfin une nouvelle fois sur le fait que les musiciens du Philharmonique de Berlin, à l’instar de leurs confrères et consœurs de nombreux autres orchestres, se produiront dans plusieurs pièces de musique de chambre données aussi bien à la Philharmonie, en seconde partie de soirée (lors du concert du samedi), au foyer de la Philharmonie ou dans la petite Philharmonie inaugurée en 1987. Mentionnons par exemple ces transcriptions d’œuvres de Saint‑Saëns, Krebs, Reger ou Puts pour orgue et clarinette (associant l’organiste Raphael Attila Vogl au clarinettiste solo Wenzel Fuchs), les nonettes de Spohr et de Louise Farrenc (associant pour l’occasion la violoniste Lisa Batiashvili et des membres du Philharmonique). On ne doit pas davantage oublier quelques concerts donnés par les Berliner Barock Solisten, dirigés pour l’occasion par le Konzertmeister Krzysztof Polonek, par les étudiants de la Karajan‑Akademie der Berliner Philharmoniker, pépinière de nombre de futurs Philharmoniker encadrés pendant leurs études par des membres de l’orchestre, ou par l’Ensemble Hans Scharoun. Ajoutons enfin quelques concerts donnés par des musiciens de l’Orchestre philharmonique de Berlin qui se réunissent pour l’occasion, comme ce concert de musique de chambre qui associera le flûtiste Emmanuel Pahud, le clarinettiste Wenzel Fuchs, le Konzertmeister Daishin Kashimoto, le violoncelliste Ludwig Quandt et, soliste invité, le pianiste Eric Le Sage dans un programme associant des œuvres de Haydn, Berg, Maria Theresia von Paradis, Beethoven et Schubert.
A l’évidence, le programme de l’année donne le tournis ! Mais, finalement, le public berlinois (qui sait également compter sur une Musikfest ô combien alléchante au mois de septembre 2023 et la venue de nombreux orchestres et solistes tout au long de l’année sur la grande scène de la Philharmonie lorsque l’orchestre maison n’y est pas, sans compter les multiples autres concerts donnés aux quatre coins de la ville) s’y habitue et, n’en doutons pas, saura comme chaque année faire plus d’un triomphe à sa chère et prestigieuse phalange.
Le site de l’Orchestre philharmonique de Berlin
Sébastien Gauthier
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