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Menahem Pressler (1923-2023) 05/07/2023 « The Pianist »
Jean-Philippe Rameau : Les Indes galantes (Suite) [1]
Wolfgang Amadeus Mozart : Concertos pour piano n° 23, K. 488 [2, 3] et n° 27, K. 595 [4] – Rondo en la mineur, K. 511 [5]
Frédéric Chopin : Nocturne, opus 27 n° 1 [6] – Mazurkas, opus 7 n°s 1, 2 et 4 [7] – Nocturne en ut dièse mineur, opus posthume [8, 9]
Antonín Dvorák : Danses slaves, opus 46 n° 2 et opus 72 n° 7 [10] – Quintette avec piano n° 2, opus 81 [11]
Zoltán Kodály : Háry János (Suite) [12]
Johannes Brahms : Danse hongroise n° 1 [13]
Aram Khatchatourian : Gayaneh (Suite n° 1) : « Lezginka » [14]
Claude Debussy : Suite bergamasque : 3. « Clair de lune » [15] – Quatuor, opus 10 [16] – Estampes [17]
Ludwig van Beethoven : Sonate pour piano n° 31, opus 110 [18]
Franz Schubert : Winterreise, D. 911 (quatre extraits) [19] – Die Forelle, D. 550 [20] – Quintette avec piano « La Truite », D. 667 [21] – Sonate pour piano en si bémol, D. 960 [22]
Grete Liffers : The Life I Love
Menahem Pressler (piano), Christoph Prégardien (ténor) [19], Benjamin Berlioz (contrebasse) [21], Quatuor Ebène [11, 16, 21], Orchestre de Paris, Paavo Järvi (direction) [3 4], Berliner Philharmoniker, Simon Rattle (direction) [1, 2, 6, 10, 12 à 14]
Enregistré en public à Paris (23 mars 2011 [7, 8, 17, 18, 22], 17 octobre 2012 [4, 9, 15, 16], 7 novembre 2013 [11, 19 à 21] et 29 janvier 2014 [3, 5]) et à Berlin (31 décembre 2014 [1, 2, 6, 10, 12 à 14]) – 408’
Coffret de quatre DVD EuroArts 2061618 – Image NTSC 16:9 – Son PCM Stereo Dolby Digital 5.1 dts 5.1 – Region Code: 0 – Sous‑titres et notice en anglais, français et allemand
La France ébahie avait découvert ces dernières années Menahem Pressler, reparti pour une seconde carrière et disparu le 6 mai à Londres à l’âge de 99 ans. Né en 1923 dans l’Allemagne pré‑nazie et éduqué en Israël, il a fait carrière aux Etats‑Unis pendant plus de cinquante ans, principalement comme pianiste et fondateur, le dernier fondateur survivant, du Beaux‑Arts Trio, ensemble de légende. A sa dissolution en 2008, il a repris sa carrière de soliste et de pédagogue et le XXIe siècle est pour lui le temps de la consécration et des honneurs. Il a nommé quatre fois aux Grammy Awards aux Etats‑Unis et en France, les Victoires de la musique, seule émission de télévision de musique classique touchant le grand public, lui ont décerné une « Victoire d’honneur » en 2016. Il faut écouter les deux albums que lui a consacré l’excellent éditeur français La dolce volta : des sonates de Mozart jouées avec un style juvénile et une sonorité de rêve et un récital viennois Mozart-Schubert-Beethoven qui est un véritable élixir de jeunesse.
On se souvient de longévités aussi belles (et même aussi durables) comme Horowitz, Arrau, Horszowski, Cherkassky, mais pas avec une telle énergie et présence en scène le temps de si longs concerts comme on peut le voir dans ce somptueux coffret de quatre DVD paru voici sept ans chez l’éditeur berlinois EuroArts. Car hormis deux prestations avec l’Orchestre de Paris en 2012 et 2014 sous la direction plutôt raide de Paavo Järvi, où il ne joue à chaque fois qu’un concerto de Mozart, on y trouve des concerts marathons. Comme ce récital donné à la Cité de la musique de Paris en 2011 dans lequel, en plus d’un copieux programme, il joue la dernière sonate de Schubert, ce qui représente pour la mémoire (même si la partition est là par sécurité), pour le mental et pour les doigts un très long parcours Le Schubert de Menahem Pressler est à coup sûr le meilleur fruit de sa maturité. Il en possède toutes les subtilités stylistiques, dans toutes les facettes et aussi, le plus difficile, le don de tenir en haleine sur la longueur et l’infinie palette de couleurs et de nuances indispensable pour dépeindre ces passages d’un paysage à un autre, du plus calme au profondément tourmenté.
Autre trésor, le concert donné à Pleyel en 2013 pour son quatre-vingt-dixième anniversaire, où il joue avec le Quatuor Ebène un ébouriffant Second Quintette de Dvorák, accompagne le ténor Christophe Prégardien dans cinq lieder de Schubert, revient avec les Ebène pour le Quintette « La Truite » de Schubert et trouve le moyen de clore le concert en jouant en soliste un Nocturne de Chopin.
Simon Rattle l’avait invité pour le concert de la Saint‑Sylvestre 2013 des Berliner Philharmoniker, magnifique soirée avec des œuvres orchestrales de Khatchatourian, Rameau, Brahms, Dvorák et Kodály, où il intervient en soliste avec des musiciens qui lui mangent dans la main dans le Vingt‑troisième Concerto de Mozart aux phrasés merveilleux.
Dans le documentaire The Life I Love, une leçon de vie où il raconte les méandres de sa longue carrière, il dit avoir « cherché » tout au long de sa vie des solutions dans les œuvres de son répertoire. A l’évidence, il en a trouvé beaucoup. Un musicien interrogé dit qu’il lui suffit de jouer une seule note avec un seul doigt pour se placer au‑dessus de tous les autres pianistes ! Cela se vérifie tout au long de ces heures magiques où l’on entend sortir de son piano probablement la plus belle sonorité possible aujourd’hui.
Olivier Brunel
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